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Archive mensuelle de janvier 2024

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santé et Eau en bouteille : 100 fois plus de nano-particules de plastique

santé et Eau en bouteille : 100 fois plus de nano-particules de plastique

D’après les conclusions de l’université américaine de Columbia , l’eau des bouteilles en plastique contient jusqu’à 100 fois plus de nano-particules de plastique que ce qui avait été mesuré jusqu’alors.(info la tribune)

À noter que l’eau du robinet n’est pas non plus exempte de toute contamination et que sa qualité est très variable. On trouve aussi dans l’eau du robinet des traces de calcaire, de pesticides, de nitrates et de polluants du réseau mais en quantité limitée par rapport aux normes générales. Des études aussi précises sont envisagées pour ce type d’eau. NDLR

En moyenne, l’étude a ainsi détecté 240.000 fragments de plastique par litre d’eau, « soit cent à mille fois plus que précédemment rapporté ». 90 % des particules identifiées dans les bouteilles sont donc des nano-plastiques (en dessous de 1 micromètre), le solde étant des microplastiques (entre 1 micromètre et 5 millimètres).

Pour obtenir ces résultats, les auteurs de ce travail ont testé les bouteilles de trois marques connues, mais dont les noms n’ont pas été dévoilés. Un choix qui vise à ne pas stigmatiser des entreprises en particulier, les chercheurs estimant que les nano-plastiques sont présents dans la plupart des contenants similaires chez d’autres marques.

Ces données sont inédites, car jusqu’ici, les recherches n’étaient pas allées jusqu’à ce niveau de détail. En effet, « les méthodes de mesure ne pouvaient détecter des particules de plastique en dessous du micromètre. Cette étude ouvre la voie à de nouveaux horizons en la matière, il faut s’en réjouir », souligne ainsi auprès de La Tribune Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) et spécialiste en toxicologie alimentaire des microplastiques. Pour parvenir à leur fin, les auteurs de l’étude ont utilisé un microscope innovant doté de lasers, couplé à plusieurs algorithmes informatiques spécifiques de détection.

. Le nylon, un polyamide souvent utilisé dans l’industrie textile, est le plastique le plus présent. Selon les auteurs, celui-ci proviendrait des membranes utilisées par les embouteilleurs pour purifier l’eau. Vient derrière, le polytéréphtalate d’éthylène ou plus communément appelé PET. Cette matière est utilisée dans la majeure partie des cas par les fabricants de bouteille plastique.

Les échantillons relevés montrent également la présence de nanoparticules de PVC et de polystyrène, avec cette caractéristique particulière : plus leur dimension diminue, plus ces types de plastique sont abondants.

Toute la pertinence de cette recherche réside aussi dans les conséquences potentielles que ces fragments de plastiques ont sur la santé. D’autant que la science sait déjà qu’une fois ingérés, des éléments de si petites tailles arrivent à passer les barrières biologiques naturelles du corps humain, s’infiltrant dans la circulation sanguine, et in fine, dans les organes.

Réévaluation des salaires en 2024 : une illusion

Réévaluation des salaires en 2024 : une illusion

Un curieux article du Figaro qui indique que 2024 pourraient permettre un rattrapage des salaires. Un papier très ambigu qui convient cependant que les années précédentes les salariés ont perdu beaucoup de pouvoir d’achat. En fait un papier pour servir la soupe au gouvernement voir au patronat et entretenir la confusion sur les écarts de salaires par rapport à l’inflation.

En effet les relèvements de salaires qui interviennent en 2024, autour de 4 % ne règlent nullement l’inflation de 2024 mais concerne les années précédentes. Or sur deux ans les salariés ont perdu réellement autour de 10 % de pouvoir d’achat et l’augmentation de début 2024 ne pourra en résorber une partie. Cela d’autant plus qu’on annonce un peu partout des augmentations de produits et services qui vont varier de 3 à 10 % avec une moyenne de 5 %.

À noter enfin qu’concernant l’inflation à l’indice des prix à la consommation largement obsolète compte tenu de la déformation des achats des ménages. Pour résumer, les dépenses contraintes prennent de plus en plus de place alors que les dépenses courantes elles diminuent en volume.

Salaires -De plus en plus de Français au SMIC  en France

Salaires -De plus en plus de Français au SMIC  en France

Un papier du « Monde » évoque le nombre de salariés de plus en plus important en France réduit à toucher le SMIC. Un phénomène qui découle de l’écrasement des grilles salariales rattrapées et même parfois dépassées par les augmentations du SMIC. Une sorte de prolétarisation des couches moyennes.

*Les salariés au smic sont plus de 17 %, soit 3,1 millions, contre 12 % il y a tout juste trois ans. L’exécutif doit remettre à plat le système d’allégement de charges sur les bas salaires qui incite les employeurs à maintenir une rémunération au salaire minimum.La moitié des salariés français perçoivent moins de 2 091 euros mensuels net – le salaire médian en 2022 – et une proportion croissante d’entre eux se trouve reléguée au niveau du salaire minimum, fixé à 1 398,69 euros net. Alors que ces smicards ne constituaient que 12 % des salariés voici tout juste trois ans, ils sont aujourd’hui plus de 17 %, soit 3,1 millions.

Le phénomène, déjà observé au début des années 2000, au moment de la généralisation des 35 heures, n’est pas nouveau. Le mouvement des « gilets jaunes » de 2018-2019, déclenché par la hausse des taxes sur les carburants, a mis en lumière la colère des travailleurs aux fins de mois impossibles. Mais le retour de l’inflation, depuis 2022, précipite plus de salariés encore dans la « trappe à bas salaires » par un mécanisme pernicieux.

Tandis que le smic, seul à être légalement indexé sur la hausse des prix, a été augmenté à plusieurs reprises (+ 12,6 % au total depuis 2021), le salaire de base des employés et ouvriers (+ 9 %) n’a pas suivi. Conséquence : le bataillon des personnes payées jusque-là un peu plus du smic, et aspirées vers le niveau minimum, grossit. Le sentiment de déclassement qui saisit les victimes de cette « smicardisation » est pain bénit pour les démagogues, en particulier l’extrême droite. Cette érosion du pouvoir d’achat sape l’engagement dans le travail et pèse sur la consommation, principal moteur de l’économie française.

Le maintien dans les bas salaires est également renforcé par un système d’exonération de charges sur le seul smic qui incite les employeurs à y maintenir les salariés, tant le surcoût à payer pour les en sortir est élevé. De façon perverse, un salarié « rattrapé » par le smic est une aubaine pour le patron en matière d’exonération de charges.

Il est urgent de corriger les conséquences délétères de pareils mécanismes, sans attendre le lent rééquilibrage attendu du ralentissement de l’inflation. Emmanuel Macron, en promettant de « tout faire pour que le travail paie mieux », lors de sa conférence de presse du 16 janvier, a semblé l’avoir compris. Il reste à passer aux actes pour sortir d’une situation qui, si elle dépend principalement du rapport de force et des négociations entre syndicats et patronat, est aussi sensible à l’action de l’Etat.

Si un retour à l’indexation générale des salaires, abandonnée en 1983, ne saurait constituer une réponse pérenne en raison de son caractère inflationniste, il appartient au gouvernement d’inciter fortement les partenaires sociaux à relever les minima conventionnels dans les branches professionnelles où ils sont inférieurs au smic. L’Etat doit favoriser les employeurs qui partagent plus équitablement leurs profits avec leurs salariés et qui motivent ces derniers en leur offrant des possibilités de formation pour favoriser la montée en compétences et la mobilité d’une entreprise à l’autre, facteurs importants de promotion.

Mais le principal levier dont dispose l’exécutif passe par une remise à plat du système d’allégement de charges sur les bas salaires. Alléger les cotisations sur les salaires légèrement supérieurs au smic, conditionner les exonérations à des actions de promotion… Toutes les incitations à mieux rémunérer les salariés doivent être explorées. Il y va de la justice sociale, de la dignité des travailleurs et de la cohésion du pays.

Climat social et Crise agricole : un mouvement qui peut s’élargir pour 70 % des Français

Climat social et Crise agricole : un mouvement qui peut s’élargir pour 70 % des Français

Un sondage Elabe pour BFM révèle que 87 % des Français approuvent le mouvement en cours en dépit de certaines contradictions entre les intérêts des uns et des autres. La preuve sans doute que l’opinion opère une sorte de transfert de mécontentement général sur l’action en cours. En effet, ils sont 70 % à considérer que le mouvement pourrait prendre une autre ampleur beaucoup plus générale. Les deux semaines qui viennent seront cruciales. En effet si la crise agricole devait se poursuivre avec de fortes manifestations partout certaines catégories pourraient être tentées d’utiliser la dégradation du climat social revendiqué à leur tour. Reste cependant que si le climat général est particulièrement dégradé, les intérêts sociaux sont parfois très divers voire contradictoires ( voir par exemple le relèvement des prix des produits agricoles dans la grande distribution par rapport à l’évolution du pouvoir d’achat des salariés).

En cause sans doute, le très mauvais climat qui règne en France sur un certain nombre de sujets notamment prioritaires comme le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité ou encore l’école.

Personne ne peut lire dans le marc de café mais ce gouvernement a largement démontré depuis 2017 son manque de compétence et de légitimité. On a ainsi accumulé des crises stériles comme la réforme des retraites ou mouvement des gilets jaunes. Des crises qui pouvaient être évitées avec une concertation à temps avec les différents acteurs. Or Macron se caractérise par une transgression permanente des règles de concertation avec les organisations et organismes représentatifs y compris d’ailleurs le Parlement qu’il remplace par des structures bidons destinées à sa propre communication.

Certes le mouvement des agriculteurs est différent de celui des gilets jaunes mais il présente cependant des caractéristiques parfois communes. Ainsi ce mouvement est parti de la base et s’il s’étend dans toute la France c’est sur impulsion de cette base, aussi en raison de la de concurrence entre les organisations agricoles.

Le pouvoir ne s’est pas rendu compte du caractère particulièrement délétère en France qui se manifeste par un manque flagrant de compétence et d’autorité légitime. La crise éclate dans l’agriculture mais elle aurait pu commencer dans n’importe quel autre secteur. Notamment à propos du pouvoir d’achat massacré depuis deux ans et qui va encore subir les nombreuses augmentations décidées notamment par l’État début 2024.

Encore une fois si juridiquement le pouvoir macronien ne peut être contesté par contre politiquement il n’est plus légitime. Pire, Macon lui-même n’est pas seulement contesté il est détesté autant pour ses orientations que pour sa personnalité jupitérienne hors sol et méprisante.

Il est à prévoir qu’en la circonstance le pouvoir comme d’habitude va essayer de gagner du temps. Mais justement en tergiversant il va en perdre car plus le temps passe et plus la radicalisation se renforcera voire s’étalera.

Agriculture : les mesures annoncées par Gabriel Attal

Agriculture : les mesures annoncées par Gabriel Attal

La mesure la plus connue concerne l’annulation de la hausse de la taxe du gazole non routier. La seconde vise au renforcement de la loi et Egalim pour mieux prendre en compte le coût des productions et donc les revenus des agriculteurs; enfin, il y a une série de simplifications de procédures envisagées et des aides particulières en fonction des secteurs. Autant de mesures qu’il conviendra évidemment d’approfondir et de confirmer et qui vont amener vraisemblablement les agriculteurs à prolonger leur mouvement sur au moins encore une semaine

Annulation de la hausse de la taxe du gazole non routier (GNR)

Gabriel Attal a annoncé son annulation pure et simple : «On va arrêter avec cette trajectoire de hausse du GNR». Autre point central, les remises de taxe sur ce GNR seront déduites à l’achat, et non plus après coup sur justificatif, dans les prochains mois. «D’ici à l’été, quand vous serez livrés de votre carburant, la déduction sera faite immédiatement et l’État compensera le distributeur pour la déduction. C’est une mesure de simplification et de trésorerie», a détaillé le premier ministre sur ce dossier très technique.

Dix mesures de simplification immédiates

Le gouvernement va prendre «dix mesures de simplification immédiate», par décret, dès ce samedi, a annoncé Gabriel Attal. Le délai exceptionnel pour les autorisations de retenues d’eau sera notamment ramené à deux mois au lieu de quatre, et les recours vont être simplifiés par la suppression d’un échelon administratif. Sur ce même sujet, une «présomption d’urgence» va être créée «pour que le juge se prononce en moins de dix mois» contre un recours.

Le contrôle administratif des exploitants ne pourra pas avoir lieu plus d’une fois par an.
Le e premier ministre a également annoncé une simplification des réglementations sur les haies (une seule au lieu de 14 à l’heure actuelle), la sortie «d’un certain nombre d’incohérences sur le débroussaillement» et une «pause» sur le sujet des zones humides pour discuter du zonage.


Une simplification de la PAC

Gabriel Attal A également manifester son intention de simplifier l’application de la politique agricole commune, il «s’engagera sur ce sujet la semaine prochaine au Conseil européen». Le président devrait également demander une nouvelle dérogation sur la question des jachères.


Une aide d’urgence de 50 millions d’euros pour la filière bio

Le gouvernement va débloquer 50 millions d’euros d’aide d’urgence pour le bio, a promis Gabriel Attal. Une enveloppe qui permettra de venir au chevet de cette filière en difficulté. Le gouvernement s’était déjà engagé en 2023 à leur verser 94 millions d’euros.

Hausse des aides d’urgence pour les maladies bovines

L’hôte de Matignon a aussi annoncé une augmentation des indemnisations pour soutenir les exploitations les plus en difficulté face à la maladie hémorragique épizootique (MHE), une nouvelle pathologie qui affaiblit les vaches. Gabriel Attal a par ailleurs évoqué un «budget de 50 millions d’euros» et promis une «augmentation du taux d’indemnisation à 90%» pour les éleveurs touchés par cette maladie apparue dans des élevages du sud-ouest. Et ce, quelques jours après avoir fixé à 80% l’indemnisation de la valeur des vaches mortes et des frais vétérinaires.

«Opposition» à la signature du Mercosur
«La France s’oppose de manière très claire» à «la signature» de l’accord commercial controversé entre l’Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, a fait valoir Gabriel Attal. «Je le redis ici de manière très claire, très nette.
Outre les annonces, le premier ministre a également critiqué, sur un plan plus politique, «celles et ceux qui opposent la défense de nos agriculteurs et la défense de l’environnement», considérant que les agriculteurs étaient «les premières victimes de la dégradation de l’environnement». «Dans les priorités de notre action, ne pas laisser notre agriculture à la merci de la concurrence déloyale est un enjeu absolument majeur», a-t-il aussi dit .

Le mouvement agricole va continuer encore au moins une semaine

Le mouvement agricole va continuer encore au moins une semaine

En dépit des annonces du gouvernement, le mouvement agricole va se prolonger encore sans doute d’au moins d’une semaine. En cause , la nécessité d’approfondir certaines mesures et de les compléter. Aussi la concurrence entre les organisations syndicales agricoles qui d’une certaine manière ont été prises à revers par la base.

Ainsi la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), après avoir été surpris par les plus radicaux décident à leur tour de durcir en tout cas de prolonger le mouvement pour l’instant et ont pris « la décision de poursuivre cette mobilisation », a déclaré vendredi le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur TF1.

Pourtant, le Premier ministre Gabriel Attal a accédé à d’autres demandes des agriculteurs : indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE et sanctions lourdes contre trois industriels de l’agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

Sur certains points, comme sur le gazole non routier, des annonces « vont dans le bon sens ». Mais dans l’ensemble « elles ne répondent pas à la totalité des questions que nous nous posons », a estimé Arnaud Rousseau en citant notamment les problématiques liées à l’Ukraine, à la « surtransposition » en France des normes environnementales européennes et à la retraite des agriculteurs.

La poursuite de la mobilisation est « une décision difficile mais nécessaire », a déclaré Arnaud Rousseau.

Les dirigeants de la FNSEA qui cogèrent en fête agricole avec le gouvernement n’ont guère apprécié d’être ainsi débordés d’abord par la radicale organisation de la base et ensuite que la même base adhère pratiquement au plan présenté par le premier ministre même s’il y a ici ou là dans cette base encore des réticences vont durer quelques jours..

Compte tenu de cette situation le mouvement risque donc de se prolonger au moins encore pendant une semaine.

Social -De plus en plus de Français au SMIC  en France

Social -De plus en plus de Français au SMIC  en France

Un papier du « Monde » évoque le nombre de salariés de plus en plus important en France réduit à toucher le SMIC. Un phénomène qui découle de l’écrasement des grilles salariales rattrapées et même parfois dépassées par les augmentations du SMIC. Une sorte de prolétarisation des couches moyennes.

*Les salariés au smic sont plus de 17 %, soit 3,1 millions, contre 12 % il y a tout juste trois ans. L’exécutif doit remettre à plat le système d’allégement de charges sur les bas salaires qui incite les employeurs à maintenir une rémunération au salaire minimum.La moitié des salariés français perçoivent moins de 2 091 euros mensuels net – le salaire médian en 2022 – et une proportion croissante d’entre eux se trouve reléguée au niveau du salaire minimum, fixé à 1 398,69 euros net. Alors que ces smicards ne constituaient que 12 % des salariés voici tout juste trois ans, ils sont aujourd’hui plus de 17 %, soit 3,1 millions.

Le phénomène, déjà observé au début des années 2000, au moment de la généralisation des 35 heures, n’est pas nouveau. Le mouvement des « gilets jaunes » de 2018-2019, déclenché par la hausse des taxes sur les carburants, a mis en lumière la colère des travailleurs aux fins de mois impossibles. Mais le retour de l’inflation, depuis 2022, précipite plus de salariés encore dans la « trappe à bas salaires » par un mécanisme pernicieux.

Tandis que le smic, seul à être légalement indexé sur la hausse des prix, a été augmenté à plusieurs reprises (+ 12,6 % au total depuis 2021), le salaire de base des employés et ouvriers (+ 9 %) n’a pas suivi. Conséquence : le bataillon des personnes payées jusque-là un peu plus du smic, et aspirées vers le niveau minimum, grossit. Le sentiment de déclassement qui saisit les victimes de cette « smicardisation » est pain bénit pour les démagogues, en particulier l’extrême droite. Cette érosion du pouvoir d’achat sape l’engagement dans le travail et pèse sur la consommation, principal moteur de l’économie française.

Le maintien dans les bas salaires est également renforcé par un système d’exonération de charges sur le seul smic qui incite les employeurs à y maintenir les salariés, tant le surcoût à payer pour les en sortir est élevé. De façon perverse, un salarié « rattrapé » par le smic est une aubaine pour le patron en matière d’exonération de charges.

Il est urgent de corriger les conséquences délétères de pareils mécanismes, sans attendre le lent rééquilibrage attendu du ralentissement de l’inflation. Emmanuel Macron, en promettant de « tout faire pour que le travail paie mieux », lors de sa conférence de presse du 16 janvier, a semblé l’avoir compris. Il reste à passer aux actes pour sortir d’une situation qui, si elle dépend principalement du rapport de force et des négociations entre syndicats et patronat, est aussi sensible à l’action de l’Etat.

Si un retour à l’indexation générale des salaires, abandonnée en 1983, ne saurait constituer une réponse pérenne en raison de son caractère inflationniste, il appartient au gouvernement d’inciter fortement les partenaires sociaux à relever les minima conventionnels dans les branches professionnelles où ils sont inférieurs au smic. L’Etat doit favoriser les employeurs qui partagent plus équitablement leurs profits avec leurs salariés et qui motivent ces derniers en leur offrant des possibilités de formation pour favoriser la montée en compétences et la mobilité d’une entreprise à l’autre, facteurs importants de promotion.

Mais le principal levier dont dispose l’exécutif passe par une remise à plat du système d’allégement de charges sur les bas salaires. Alléger les cotisations sur les salaires légèrement supérieurs au smic, conditionner les exonérations à des actions de promotion… Toutes les incitations à mieux rémunérer les salariés doivent être explorées. Il y va de la justice sociale, de la dignité des travailleurs et de la cohésion du pays.

Société- Le déclassement des classes moyennes

Société- Le déclassement des classes moyennes

Un récent article paru sur le site montrer que nombre de salariés sont en voie de smicardisation. En effet une population de plus en plus importante se situe au niveau du SMIC pour les salaires. Et du coup souvent dans nombre de branches les salaires de base sont inférieurs même au SMIC ( le SMIC qui est régulièrement réévalué). Ce qu’on appelle l’écrasement des grilles salariales. Environ 50 % de la population est en voie de déclassement. Pour preuve la possibilité pour notamment désormais d’accéder à la propriété au regard de l’envol fou du prix du logement depuis au moins 10 ans et évidemment en raison des taux d’intérêt actuel.

L’institut Montaigne -proche de la droite- publie une étude ce mercredi, intitulée « Classes moyennes : l’équilibre perdu », qui montre que les classes moyennes en France regroupent un nombre très large de ménages. Ceux qui se trouvent « entre 20 % les plus aisés et 30 % les plus modestes », affirme le think tank libéral.

Surtout la définition de cette catégorie va bien au-delà de la seule prise en compte de leurs revenus fiscaux : « Elles doivent être comprises sous le prisme de leur construction sociologique », plaide encore l’étude. De quoi nourrir la réflexion politique, alors que les classes moyennes sont au cœur des attentions des responsables de la majorité mais aussi de l’opposition.

Le think tank réputé libéral et influent estime que la moitié des ménages français appartiennent à cette catégorie. Et pour cause, pour les définir, il faut aller bien plus loin que le seul critère traditionnel de catégorie socioprofessionnel souvent retenu, car cela signifie qu’il exclut d’emblée les chômeurs, les retraités mais aussi un emploi non salarié. Ce qui est une erreur car bien d’autres catégories y compris des cadres sont concernées.

Rattrapage des salaires en 2024 : une illusion

Rattrapage des salaires en 2024 : une illusion

Un curieux article du Figaro qui indique que 2024 pourraient permettre un rattrapage des salaires. Un papier très ambigu qui convient cependant que les années précédentes les salariés ont perdu beaucoup de pouvoir d’achat. En fait un papier pour servir la soupe au gouvernement voir au patronat et entretenir la confusion sur les écarts de salaires par rapport à l’inflation.

En effet les relèvements de salaires qui interviennent en 2024, autour de 4 % ne règlent nullement l’inflation de 2024 mais concerne les années précédentes. Or sur deux ans les salariés ont perdu réellement autour de 10 % de pouvoir d’achat et l’augmentation de début 2024 ne pourra en résorber une partie.
À noter enfin qu’on cer concernant l’inflation à l’indice des prix à la consommation largement obsolète compte tenu de la déformation des achats des ménages. Pour résumer, les dépenses contraintes prennent de plus en plus de place alors que les dépenses courantes elles diminuent en volume.

Social et Crise agricole : un mouvement qui peut s’étendre pour 70 % des Français

Social et Crise agricole : un mouvement qui peut s’étendre pour 70 % des Français

Un sondage Elabe pour BFM révèle que 87 % des Français approuvent le mouvement en cours en dépit de certaines contradictions entre les intérêts des uns et des autres. La preuve sans doute que l’opinion opère une sorte de transfert de mécontentement général sur l’action en cours. En effet, ils sont 70 % à considérer que le mouvement pourrait prendre une autre ampleur beaucoup plus générale.

En cause sans doute, le très mauvais climat qui règne en France sur un certain nombre de sujets notamment prioritaires comme le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité ou encore l’école.

Personne ne peut lire dans le marc de café mais ce gouvernement a largement démontré depuis 2017 son manque de compétence et de légitimité. On a ainsi accumulé des crises stériles comme la réforme des retraites ou mouvement des gilets jaunes. Des crises qui pouvaient être évitées avec une concertation à temps avec les différents acteurs. Or Macron se caractérise par une transgression permanente des règles de concertation avec les organisations et organismes représentatifs y compris d’ailleurs le Parlement qu’il remplace par des structures bidons destinées à sa propre communication.

Certes le mouvement des agriculteurs est différent de celui des gilets jaunes mais il présente cependant des caractéristiques parfois communes. Ainsi ce mouvement est parti de la base et s’il s’étend dans toute la France c’est sur impulsion de cette base, aussi en raison de la de concurrence entre les organisations agricoles.

Le pouvoir ne s’est pas rendu compte du caractère particulièrement délétère en France qui se manifeste par un manque flagrant de compétence et d’autorité légitime. La crise éclate dans l’agriculture mais elle aurait pu commencer dans n’importe quel autre secteur. Notamment à propos du pouvoir d’achat massacré depuis deux ans et qui va encore subir les nombreuses augmentations décidées notamment par l’État début 2024.

Encore une fois si juridiquement le pouvoir macronien ne peut être contesté par contre politiquement il n’est plus légitime. Pire, Macon lui-même n’est pas seulement contesté il est détesté autant pour ses orientations que pour sa personnalité jupitérienne hors sol et méprisante.

Il est à prévoir qu’en la circonstance le pouvoir comme d’habitude va essayer de gagner du temps. Mais justement en tergiversant il va en perdre car plus le temps passe et plus la radicalisation se renforcera voire s’étalera.

Agriculteurs: demain il sera trop tard 

Agriculteurs: demain il sera trop tard 

Elu local et ingénieur agronome ayant travaillé dans le développement agricole, Georges Fandos propose, dans une tribune au « Monde », quelques pistes exploratoires pour répondre à la crise actuelle : une politique commerciale plus protectrice, des aides pour l’installation et la modernisation.

L’exaspération des agriculteurs a plusieurs origines : des revenus insuffisants liés à des prix trop faibles par rapport aux coûts de production, des contraintes administratives et environnementales croissantes, mais aussi des jugements négatifs d’une partie de la population urbaine, qui les pointe du doigt comme pollueurs… Dans ces conditions, l’important est de comprendre comment on en est arrivé à cette situation pour mieux y répondre.

Sur les prix agricoles, la loi EGalim a accouché d’une souris qui se résume pour l’essentiel à une garantie de lutte contre le dumping qui oblige les acheteurs des filières agroalimentaires à revendre les denrées agricoles qu’ils achètent à un prix 10 % supérieur au prix d’acquisition. Mais ce mécanisme ne garantit en rien une rémunération plus forte pour les agriculteurs !

Quant à la voie contractuelle qui est privilégiée, elle démontre aussi ses limites sur un marché très déséquilibré où quelques centrales d’achat ou groupes agroalimentaires industriels ont un pouvoir exorbitant face à une multitude de petits producteurs qui, même regroupés, ne sont pas de taille.

Seule l’obligation faite par la loi de la fixation du prix d’achat des denrées agricoles par les filières à des niveaux supérieurs aux coûts de production aurait permis d’assurer un revenu minimum aux agriculteurs. Au lieu de cela, on voit des entreprises françaises devenues des géants internationaux comme Lactalis [premier groupe laitier mondial] proposer une baisse des prix du lait, alors que les coûts de production n’ont cessé d’augmenter (énergie, plastique, engrais, produits phytosanitaires…). Il s’agit d’une pure provocation !
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Les données fournies par les centres de gestion et d’économie rurale sur les coûts de production par filière pourraient servir de base à des discussions sur les prix. Mais il faudrait ensuite réaliser des contrôles sur la bonne application des accords de filières par des enquêteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

Le principal argument des adversaires d’une politique de prix rémunérateurs pour les producteurs repose sur la concurrence des importations à bas prix. Raison pour laquelle, il faudrait adjoindre à la politique sur les prix agricoles une politique commerciale extra et intra européenne plus protectrice .

La CGT appelle à une convergence entre agriculteurs et salariés

La CGT appelle à une convergence entre agriculteurs et salariés


« La CGT appelle ses militantes et militants, partout où c’est possible, à créer les conditions permettant de faire converger les revendications des salarié·es, des travailleuses et des travailleurs agricoles et des agricultrices et des agriculteurs », écrit la centrale de Montreuil.

« Nos échanges doivent permettre d’élargir la mobilisation et de créer des convergences sur les moyens de bien vivre de son travail, de bien manger, tout en protégeant notre santé et celle de la planète », estime la CGT, qui dit avoir pris attache avec la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef).

Eau en bouteille : 100 fois plus de nano-particules de plastique

Eau en bouteille : 100 fois plus de nano-particules de plastique

D’après les conclusions de l’université américaine de Columbia , l’eau des bouteilles en plastique contient jusqu’à 100 fois plus de nano-particules de plastique que ce qui avait été mesuré jusqu’alors.(info la tribune)

En moyenne, l’étude a ainsi détecté 240.000 fragments de plastique par litre d’eau, « soit cent à mille fois plus que précédemment rapporté ». 90 % des particules identifiées dans les bouteilles sont donc des nano-plastiques (en dessous de 1 micromètre), le solde étant des microplastiques (entre 1 micromètre et 5 millimètres).

Pour obtenir ces résultats, les auteurs de ce travail ont testé les bouteilles de trois marques connues, mais dont les noms n’ont pas été dévoilés. Un choix qui vise à ne pas stigmatiser des entreprises en particulier, les chercheurs estimant que les nano-plastiques sont présents dans la plupart des contenants similaires chez d’autres marques.

Ces données sont inédites, car jusqu’ici, les recherches n’étaient pas allées jusqu’à ce niveau de détail. En effet, « les méthodes de mesure ne pouvaient détecter des particules de plastique en dessous du micromètre. Cette étude ouvre la voie à de nouveaux horizons en la matière, il faut s’en réjouir », souligne ainsi auprès de La Tribune Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) et spécialiste en toxicologie alimentaire des microplastiques. Pour parvenir à leur fin, les auteurs de l’étude ont utilisé un microscope innovant doté de lasers, couplé à plusieurs algorithmes informatiques spécifiques de détection.

. Le nylon, un polyamide souvent utilisé dans l’industrie textile, est le plastique le plus présent. Selon les auteurs, celui-ci proviendrait des membranes utilisées par les embouteilleurs pour purifier l’eau. Vient derrière, le polytéréphtalate d’éthylène ou plus communément appelé PET. Cette matière est utilisée dans la majeure partie des cas par les fabricants de bouteille plastique.

Les échantillons relevés montrent également la présence de nanoparticules de PVC et de polystyrène, avec cette caractéristique particulière : plus leur dimension diminue, plus ces types de plastique sont abondants.

Toute la pertinence de cette recherche réside aussi dans les conséquences potentielles que ces fragments de plastiques ont sur la santé. D’autant que la science sait déjà qu’une fois ingérés, des éléments de si petites tailles arrivent à passer les barrières biologiques naturelles du corps humain, s’infiltrant dans la circulation sanguine, et in fine, dans les organes.

Télécoms : Abandon des zones rurales

Télécoms : Abandon des zones rurales


Un triple abandon des zones rurales pour les télécoms. D’une part évidemment des zones encore très mal desservies pour les mobiles, qui sont encore écartées de la fibre et dont on vient de décider qu’il ne sera plus possible d’utiliser de nouvelles connexions sur le réseau cuivre d’Orange. Un véritable scandale qui s’ajoute aux autres pour désertifier encore un peu plus une grande partie du pays.

Le mercredi 31 janvier prochain, il ne sera plus possible, pour les habitants de 162 communes françaises, de commander une nouvelle connexion ADSL ou un abonnement téléphonique fixe sur le réseau cuivre d’Orange. Au total, quelque 211.000 locaux et habitations sont concernés par cette mesure. Elle sonne le début du vaste plan de l’opérateur historique visant à éteindre son vieux réseau cuivre d’ici à 2030.

Ce début d’année 2024 marquera, ainsi, le vrai lancement du grand plan national d’Orange visant à fermer son vieux réseau cuivre. Cette infrastructure, qui date des années 1960, a d’abord permis de démocratiser la téléphonie. Elle a ensuite été modernisée pour apporter Internet via la technologie ADSL. Tous les opérateurs utilisent encore cette infrastructure, qu’ils louent à Orange pour servir leurs abonnés. Avec la démocratisation de la fibre, il a été décidé de l’éteindre progressivement, d’ici à 2030. Aux yeux du secteur comme de l’Arcep, le régulateur des télécoms, il n’y a pas de logique économique à conserver deux réseaux Internet fixe dans l’Hexagone. D’autant que le réseau cuivre, vieillissant, se vide de plus en plus vite de ses abonnés à mesure que la fibre arrive, et coûte cher à entretenir.

Réarmement démographique : Une sémantique guerrière douteuse

Réarmement démographique : Une sémantique guerrière douteuse

L’expression employée par le président Emmanuel Macron pour décrire son plan de relance de la natalité et de lutte contre l’infertilité a suscité de vives réactions. Il ne s’agit pas ici de juger la pertinence de ce plan annoncé lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024. Notre objectif est d’analyser ce que cette formule révèle de la difficulté de décideurs, gouvernementaux notamment, à comprendre la psychologie des comportements (et changements comportementaux). Sans cette compréhension, ils s’avèrent incapables de déterminer quelles conditions et caractéristiques doivent être respectées pour qu’une communication à visée persuasive soit efficace.

par Marie-Laure Gavard-Perret
Professeure des universités en gestion, Grenoble IAE, laboratoire CERAG, spécialiste du marketing social et de la communication persuasive et préventive. Co-responsable de la chaire de recherche Marketing au Service de la Société (M2S) de Grenoble IAE., Grenoble IAE Graduate School of Management

Marie-Claire Wilhelm
Maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes, Grenoble INP, CERAG, co-responsable de la Chaire Marketing au Service de la Société (M2S) de Grenoble IAE, Grenoble IAE Graduate School of Management dans
The Conversation

La phrase d’Emmanuel Macron au sujet du « réarmement démographique » pour permettre « une France plus forte » « par la relance de la natalité » a pu être perçue comme réactionnaire. Elle a provoqué la colère de nombreuses personnalités politiques, notamment à la gauche de l’échiquier politique, mais aussi plus largement de diverses associations féministes ou concernées par les droits des femmes et des familles. Ce parti pris de formulation a occulté certaines mesures qui auraient pu être accueillies plus favorablement (par exemple, le plan de lutte contre l’infertilité attendu par certains spécialistes de la reproduction) et a amoindri l’effet d’une perspective qui aurait pu avoir une connotation positive (la vie au travers de naissances à venir).
Indépendamment d’un jugement sur le fond, la terminologie adoptée explique en partie ces réactions et marques de résistance. Tout d’abord, du fait de la rhétorique guerrière. L’historienne Marine Rouch a ainsi repéré « une sémantique ‘viriliste et guerrière’ qui n’a rien d’anodin ».

Le caractère guerrier de la métaphore a suscité de nombreuses réactions

Déjà mobilisé lors du Covid, ce lexique guerrier, par ses références en France à la première et à la Seconde Guerre mondiale, avait alors frappé les esprits (« Nous sommes en guerre » avait martelé Emmanuel Macron). Implicitement et symboliquement également, l’idée de réarmement fait référence à la guerre et peut se révéler anxiogène, a fortiori dans le contexte actuel où guerres et conflits armés réactivent, partout dans le monde, et en particulier sur le continent européen, des angoisses qu’on croyait oubliées.

Ce choix est dommageable, car une rhétorique guerrière entraîne un imaginaire anxiogène. Or, lorsque les individus ont peur, leur réponse inconsciente est souvent un mécanisme de défense psychologique d’évitement ou de déni. Autrement dit, une réaction défensive destinée à diminuer l’inconfort psychologique ressenti, mais qui est à l’opposé de celle recherchée. En effet, faire face à une situation stressante nécessite de développer des efforts, cognitifs en particulier, et une stratégie dite d’adaptation. L’individu stressé peut préférer ne pas voir la réalité, la déformer ou encore discréditer la source de l’information pour se protéger psychologiquement. Ces réactions compromettent bien sûr l’efficacité persuasive.

Un discours infantilisant et moralisateur

Le message a aussi été perçu comme infantilisant. En filigrane, certaines et certains y ont entendu que les femmes ne seraient pas suffisamment matures pour décider par elles-mêmes de décisions relatives à la natalité. Cela a pu être vu comme une « tentative de contrôler le corps des femmes », une volonté de « mettre les ventres des femmes au service de l’État ». « Laissez nos utérus en paix ! » a lancé de son côté la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert.

Ce message était instillé par ailleurs dans une communication descendante, dont le caractère directif, voire autoritaire, apparait dans la qualification « d’injonctions natalistes » utilisée de nombreuses fois à son propos. De ce fait, le message, a priori incitatif, avait tout pour engendrer de la réactance (mécanisme de défense psychologique) en raison d’une liberté qui pouvait sembler menacée. Ainsi, la députée écologiste Sandrine Rousseau a réagi :

« Chaque femme est libre de choisir de faire des enfants ou de ne pas en faire » et

« Les femmes font absolument ce qu’elles veulent de leur corps ».

De plus, le discours émanait d’un représentant des pouvoirs publics envers lesquels la méfiance des Français est grandissante. Cette absence de confiance envers l’émetteur ne pouvait que renforcer la résistance par une diminution de la crédibilité perçue de la source du message.

Le délicat recours aux normes sociales

De même, une composante morale transparaît de ce discours incitatif. Délibérément ou involontairement convoquée, la responsabilité individuelle est ainsi associée à un devoir de reproduction de chaque Français(e). Ce « bon » comportement apparaît de façon plus ou moins explicite comme la clé pour revendiquer un statut de « bon » ou « bonne » citoyen(ne). Or, la stimulation d’un devoir de conformité à des normes sociales est indissociable de la responsabilité morale individuelle. Une communication incitative en faveur de la natalité cherche donc à amener les récepteurs et réceptrices à se conformer à ce qui est présenté comme la norme du groupe, de la communauté. Les cibles ressentent de ce fait une pression sociale. L’individu exposé à cette forme d’influence sociale cherchera donc à se soumettre pour obtenir l’approbation sociale ou éviter la désapprobation sociale.

Toutefois, le recours explicite ou implicite aux normes sociales exige d’être utilisé avec précaution. D’une part, certaines cibles ayant déjà internalisé une norme morale conforme à leurs valeurs, comme celle de faire des enfants, risquent finalement d’être rebutées par la volonté de persuasion – notamment si cette dernière est perçue comme manipulatrice. Elles peuvent aussi ressentir une menace sur leur liberté individuelle et développer de la réactance situationnelle.

De surcroît, en appeler à la responsabilité individuelle peut entrer en conflit avec la perception d’une nature infantilisante du message délivré. Il est en effet paradoxal de demander aux cibles de se conduire en adultes responsables et « en même temps » de leur délivrer un message perçu comme infantilisant. « nouveau, la contradiction dans les intentions perçues réduit la persuasion recherchée.

En outre, il existe deux types de normes. D’une part, les normes injonctives – fondées sur la perspective de récompenses ou sanctions sociales. D’autre part, les normes descriptives – qui résultent de ce que font les membres de la communauté et de ce qui est considéré comme le comportement « normal ». Ce second type de norme se base fortement sur l’exemple. Or sur ce point, Emmanuel Macron est dans l’impossibilité de se présenter comme l’exemple à suivre. Cela affaiblit l’effet de norme descriptive et peut sembler paradoxal, comme n’a pas manqué de le noter le collectif féministe Nous Toutes :

« Un homme cisgenre de 46 ans sans enfants qui vient nous donner des leçons sur la façon dont on doit utiliser nos utérus… »

De plus, la mobilisation de normes sociales ou morales risque d’activer des émotions négatives chez celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas les suivre : culpabilité et honte notamment. Il est alors question de réponses affectives de valence négative, susceptibles de déclencher elles aussi des comportements de défense, d’évitement, de déni, voire le fameux effet « boomerang » consistant à prendre le contre-pied exact de ce qui est préconisé.

La confiance, pierre angulaire de la persuasion ?

En conséquence, et comme le précise la philosophe Cristina Bicchieri, pour espérer convaincre en recourant à toutes ces mécaniques d’influence sociale, il ne faut rien négliger. En particulier, Bicchieri pointe la nécessité de :

« prévoir comment les gens vont interpréter un contexte donné, quels indices ressortiront comme saillants et comment des indices particuliers sont liés à certaines normes ».

Comme le souligne le chercheur en philosophie de la santé, David Simard, les Français ont un rapport complexe et ambigu à l’autorité et à l’État. De tendance facilement contestataire, ils valorisent la liberté individuelle mais en oublient parfois son corollaire, la responsabilité individuelle. De même, ils ne supportent pas les injonctions mais reprochent facilement à l’État de ne pas définir et/ou de ne pas faire respecter des règles. Cela rend l’exercice de la communication incitative encore plus compliqué, surtout à une époque où la confiance dans les élites, dans les médias, dans la Science, dans les politiques semble sérieusement altérée.

Or, en matière de communication liée à la santé (natalité et infertilité s’y rattachent), les chercheurs en psychologie sociale Gabriele Prati, Luca Pietrantoni et Bruna Zani ont montré que cette confiance représente une clé essentielle de l’efficacité persuasive.

Pour espérer persuader les Français de faire plus d’enfants, il faudrait donc avant toute chose faire (re)naître la confiance… Cela semble passer tout d’abord par une meilleure maîtrise de la psychologie comportementale.

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