Libre-échange et climat : l’exemple de la Nouvelle-Zélande ?
L’économiste Marc Baudry expose, à travers l’accord de libre-échange entre l’Europe et la Nouvelle-Zélande, les conditions d’un commerce international qui ne soit pas nuisible au climat.
L’accord de libre-échange finalisé en novembre entre l’Union européenne (UE) et la Nouvelle-Zélande doit entrer en vigueur en 2024. C’est le premier à intégrer la nouvelle doctrine de l’UE pour des accords commerciaux « verts et justes ». Cet accord avec le pays le plus éloigné qui soit de l’Europe est certes pointé pour les émissions de gaz à effet de serre induites par le transport accru de marchandises. Comment rendre cohérent le libre-échange avec les impératifs de la lutte contre le réchauffement, censés précisément restreindre ces échanges ?
En Nouvelle-Zélande, un pays au climat tempéré et peu densément peuplé − la population de l’Irlande pour près de quatre fois sa superficie −, la nature est le facteur de production le plus abondant, ce qui explique la forte spécialisation agricole du pays. A contrario, l’Europe est mieux dotée en travailleurs et en capital. Sans surprise, la viande est donc la principale exportation de la Nouvelle-Zélande vers la France (121,89 millions d’euros en 2022), et inversement pour les automobiles ou l’aéronautique (64,26 millions et 54,69 millions d’euros d’exportations françaises respectivement en 2022), selon les douanes françaises. Se spécialiser sur ce pour quoi chaque pays est relativement le mieux doté en facteurs de production permet une utilisation plus efficace des ressources, dès lors que leur rareté est signalée par un prix.
L’effet est en revanche ambivalent, en l’absence de signal prix, sur les atteintes à l’environnement : plus de richesse signifie plus de consommation et donc de pollution ; mais des citoyens plus riches accordent souvent plus de poids à la qualité de l’environnement, poussant les pouvoirs politiques à agir pour sa préservation. On notera à cet égard que la Nouvelle-Zélande est l’un des pays les plus vertueux en matière énergétique, avec plus de 80 % de son électricité d’origine renouvelable.
Les échanges internationaux favorisent aussi, par l’accroissement du marché, la diversité des biens et un commerce intrabranche qui préserve les emplois. Ainsi, bien qu’ayant importé de Nouvelle-Zélande pour 44,5 millions d’euros de produits laitiers et de fromages en 2022, la France y en a exporté pour près de 12 millions la même année. L’accord devrait favoriser la diversité de productions et les pratiques respectueuses des territoires par une protection accrue des indications géographiques protégées. Il exclut par ailleurs des pans importants du secteur agricole pour préserver les agriculteurs européens.
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