Salaires -De plus en plus de Français au SMIC en France
Un papier du « Monde » évoque le nombre de salariés de plus en plus important en France réduit à toucher le SMIC. Un phénomène qui découle de l’écrasement des grilles salariales rattrapées et même parfois dépassées par les augmentations du SMIC. Une sorte de prolétarisation des couches moyennes.
*Les salariés au smic sont plus de 17 %, soit 3,1 millions, contre 12 % il y a tout juste trois ans. L’exécutif doit remettre à plat le système d’allégement de charges sur les bas salaires qui incite les employeurs à maintenir une rémunération au salaire minimum.La moitié des salariés français perçoivent moins de 2 091 euros mensuels net – le salaire médian en 2022 – et une proportion croissante d’entre eux se trouve reléguée au niveau du salaire minimum, fixé à 1 398,69 euros net. Alors que ces smicards ne constituaient que 12 % des salariés voici tout juste trois ans, ils sont aujourd’hui plus de 17 %, soit 3,1 millions.
Tandis que le smic, seul à être légalement indexé sur la hausse des prix, a été augmenté à plusieurs reprises (+ 12,6 % au total depuis 2021), le salaire de base des employés et ouvriers (+ 9 %) n’a pas suivi. Conséquence : le bataillon des personnes payées jusque-là un peu plus du smic, et aspirées vers le niveau minimum, grossit. Le sentiment de déclassement qui saisit les victimes de cette « smicardisation » est pain bénit pour les démagogues, en particulier l’extrême droite. Cette érosion du pouvoir d’achat sape l’engagement dans le travail et pèse sur la consommation, principal moteur de l’économie française.
Le maintien dans les bas salaires est également renforcé par un système d’exonération de charges sur le seul smic qui incite les employeurs à y maintenir les salariés, tant le surcoût à payer pour les en sortir est élevé. De façon perverse, un salarié « rattrapé » par le smic est une aubaine pour le patron en matière d’exonération de charges.
Il est urgent de corriger les conséquences délétères de pareils mécanismes, sans attendre le lent rééquilibrage attendu du ralentissement de l’inflation. Emmanuel Macron, en promettant de « tout faire pour que le travail paie mieux », lors de sa conférence de presse du 16 janvier, a semblé l’avoir compris. Il reste à passer aux actes pour sortir d’une situation qui, si elle dépend principalement du rapport de force et des négociations entre syndicats et patronat, est aussi sensible à l’action de l’Etat.
Si un retour à l’indexation générale des salaires, abandonnée en 1983, ne saurait constituer une réponse pérenne en raison de son caractère inflationniste, il appartient au gouvernement d’inciter fortement les partenaires sociaux à relever les minima conventionnels dans les branches professionnelles où ils sont inférieurs au smic. L’Etat doit favoriser les employeurs qui partagent plus équitablement leurs profits avec leurs salariés et qui motivent ces derniers en leur offrant des possibilités de formation pour favoriser la montée en compétences et la mobilité d’une entreprise à l’autre, facteurs importants de promotion.
Mais le principal levier dont dispose l’exécutif passe par une remise à plat du système d’allégement de charges sur les bas salaires. Alléger les cotisations sur les salaires légèrement supérieurs au smic, conditionner les exonérations à des actions de promotion… Toutes les incitations à mieux rémunérer les salariés doivent être explorées. Il y va de la justice sociale, de la dignité des travailleurs et de la cohésion du pays.
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