Croissance allemande : la dépression
D’une certaine manière l’Allemagne est victime de deux grands phénomènes qui ont plombé son économie au point de la faire entrer en récession en 2023. Il y a d’abord la crise énergétique avec la rupture des fournitures de gaz bon marché fourni par les Russes qui devait constituer encore l’un des atouts de la compétitivité allemande. Plus globalement, il y a les suites de la crise sanitaire dûe au Covid qui ont conduit à des relocalisations et déstructuration des appareils de production. Ainsi, la Chine, ancienne première usine du monde, a été grandement affectée dans ses exportations. Et le phénomène s’amplifie avec le contexte inflationniste. Dans de nombreux secteurs, la Chine n’est plus assez compétitive. Le dynamisme industriel chinois est un peu gelé et se trouvent moins demandeurs d’outils industriels que lui fournissait l’Allemagne. L’Allemagne est tombée en récession en 2023. La situation pourrait difficilement être redressée en 2024 compte tenu du caractère dépressif de la conjoncture internationale
L’économie allemande est entrée en récession en 2023, avec une chute de 0,3% du produit intérieur brut (PIB), a indiqué lundi l’institut Destatis. Ce recul attendu du PIB de la première économie européenne succède à une croissance de 1,8% en 2022, selon des données corrigées des variables de prix.
A noter, au dernier trimestre 2023, le PIB est estimé en recul de 0,3% par rapport au trimestre précédent, selon une estimation préliminaire de Destatis. En données corrigées des variables de calendrier et de prix, le PIB annuel chute de 0,1%. Des résultats toutefois un peu meilleurs que les prévisions du gouvernement et du FMI, qui prévoyaient respectivement une chute de 0,4% et de 0,5% durant l’année.
Le pays fait nettement moins bien que la moyenne de l’UE, qui devrait atteindre une croissance 0,6% en 2023, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, avec des hausses marquées pour la France, l’Espagne ou l’Italie. La troisième économie mondiale est également à la traîne des autres grands pays industriels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.
A l’origine de la contraction de la première économie européenne : la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite dans le pays. La production reste inférieure de plus de 9% à son niveau d’avant la pandémie, près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19, en raison d’une conjonction de facteurs.
La branche a aussi été pénalisée par des exportations moins dynamiques, sur fond de tensions géopolitiques et de plus faibles demandes en produits allemands en Chine et aux Etats-Unis. Mais surtout, les prix de l’énergie restent relativement élevés pour l’industrie face à ses concurrents internationaux. Certaines activités les plus énergivores, comme la chimie, peinent à retrouver leur niveau de production d’avant la guerre en Ukraine. « L’année 2023 a été turbulente, avec une économie en mode crise permamente », résume Carsten Brzeski, analyste pour la banque ING.
Et les conséquences de la récession commencent déjà à se voir. En difficulté, les entreprises recrutent moins et le chômage remonte en Allemagne et se rapproche désormais des 6%. Son taux atteignait, en effet, 5,9% en décembre dernier, soit une hausse de 0,1 point par rapport au mois précédent (qui a été révisé à la baisse à 5,8%). Autrement dit, le nombre de chômeurs a augmenté de 5.000 sur un mois, en données corrigées des variations saisonnières (CVS). En données brutes, le nombre de chômeurs grimpe à 2,64 millions, en hausse d’environ 31.000 sur un mois et de 183.000 par rapport à décembre 2022, a détaillé l’Agence pour l’emploi début janvier.
Si 2023 a donc été particulièrement morose pour les Allemands 2024 pourrait ne pas être de meilleure facture si l’on en croit l’Institut économique IW. Ce dernier table en effet sur une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% en 2024 pour la première puissance européenne. Les experts ont considérablement révisé à la baisse leur prévision puisqu’en septembre dernier, ils anticipaient encore une croissance de 0,9%.
« 2024 aurait pu être une année de reprise pour l’économie allemande. Mais les conditions générales restent mauvaises », justifie l’institut de Halle ce mercredi 13 décembre.
Les prévisions de l’IW sont en revanche plus pessimistes que celles du gouvernement allemand. Ce dernier prévoit une reprise de la croissance à +1,3% l’an prochain. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) présage un rebond de 0,9% pour la croissance allemande. La reprise à venir serait favorisée par un recul progressif de l’inflation – attendue à 2,6% en 2024, puis 2% en 2025, contre 6,1% en moyenne cette année – et un marché du travail robuste.
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