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La technoscience remet en question de la valeur du temps 

La technoscience remet en question de la valeur du temps 

Le chercheur en finance Karl Eychenne s’interroge, dans une tribune au « Monde », sur les effets des promesses de « l’homme augmenté » sur l’« homo economicus ».

Le temps n’est pas un bien ordinaire. Sa valeur dépend du « reste à vivre », c’est-à-dire de la durée qui nous sépare du trépas. Plus cette durée est faible, plus le temps nous est précieux. Inversement, plus cette durée est grande, et plus nous jetons le temps par les fenêtres. Alors quand la technoscience nous promet de repousser toujours plus loin les frontières du vivant, nous imaginons le cours du temps s’effondrer. Vieillir pour ne pas mourir, voilà le projet.

La technoscience nous propose la vieillesse durable augmentée comme horizon existentiel. Mais il y a un prix à payer : la faillite de l’instant. La technoscience est une espèce de sacrilège, pour parler comme le philosophe de La Mort, Vladimir Jankélévitch (1903-1985) : elle confisque à l’homme le goût de l’instant.

Terrible nouvelle pour l’Homo economicus. En effet, il a toujours cru qu’« un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Le prix du présent est prohibitif, et les prix d’après sont au rabais, affirme la théorie économique. Mais que devient cette nuance si la technoscience dessaisit l’instant présent de son temps d’avance sur les autres ? La théorie dispose de bons outils, mais s’épuise à creuser au mauvais endroit.

Elle imagine un Homo economicus dont le summum bonum serait de constituer le maximum de bien-être jusqu’à son dernier souffle. Comment optimiser le « reste à vivre » ? Comment allouer au mieux le temps disponible ? Telles seraient les questions existentielles que se pose l’agent économique. Mais les rapports ambigus que l’homme entretient avec le trépas ne peuvent se résumer à un tel modèle formel.

Certes, la recherche académique fait preuve d’imagination, dépliant son concept de préférence pour le présent en de subtiles variations (« La valeur psychologique du temps : une synthèse de la littérature », Hubert de La Bruslerie et Florent Pratlong, L’Actualité économique, n° 88/3, 2012) : l’aversion pour le risque, la préférence intertemporelle, le degré d’impatience, ou le sympathique altruisme pour le « moi futur ».

Ce dernier effet mérite d’ailleurs le détour. En effet, rien n’assure que le moi de demain sera le même moi qu’aujourd’hui. Dans ce cas, pourquoi se montrer si charitable envers celui qui ne sera peut-être pas moi ? La théorie économique n’est pas naïve, elle est juste fautive. A l’absurdité de la vie, elle ajoute la sécheresse d’une…

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