Le sport français est malade ?
Marie-George Buffet doit présenter, jeudi 7 décembre, les conclusions du rapport du comité national pour renforcer l’éthique et la vie démocratique dans le sport, qu’elle copréside avec l’ex-athlète Stéphane Diagana. Créé fin mars à la demande de la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), Amélie Oudéa-Castéra, le comité formule trente-sept propositions et plaide pour l’imposition de « mesures nouvelles fortes ». Ancienne ministre des sports (de 1997 à 2002), Marie-George Buffet dresse un état des lieux sans concession du sport français, à moins de huit mois des Jeux de Paris 2024 : « Un mouvement fragilisé », dit-elle, où règne « la culture de l’entre-soi », et qui a besoin d’« un renouvellement profond ». ( dans « Le Monde »)
Au terme de huit mois d’auditions, quel est votre sentiment sur le mouvement sportif français ?
Le terme qui est le plus revenu au cours des 170 auditions que nous avons menées, c’est le sentiment de « fragilité ». Les acteurs et actrices du sport français, qui étaient un peu sur la défensive pendant les auditions, sentent bien que ça ne va pas, qu’ils ont du mal à répondre aux attentes. Bien sûr, il y a des gens qui s’accrochent au pouvoir et des dirigeants qui apparaissent très sûrs d’eux, mais ce n’est pas la majorité. C’est pour ça que j’emploie le mot fragilité.
De nombreux scandales ont entaché le sport français ces dernières années (sports de glace, football, rugby, etc.). Aucune fédération ne semble épargnée par les dysfonctionnements. De quoi le sport est-il malade aujourd’hui ?
Il est malade, il est fragilisé par des phénomènes de financiarisation, d’instrumentalisation politique et géopolitique. Il y a aussi la transformation des pratiques, des exigences sociétales nouvelles, etc. Et face à tous ces enjeux, on a un mouvement sportif qui n’a pas toujours les moyens ou qui ne se donne pas les compétences pour y répondre. La culture de l’entre-soi qui y règne freine également ses capacités de réponse.
Et puis il y a la question du pouvoir. Une de nos propositions concerne la durée des mandats, la limitation du cumul. Ces mesures doivent permettre de favoriser le renouvellement à la tête des fédérations. Il faut davantage associer les clubs aux élections et aux assemblées générales. Et puis il faut la parité stricte et de la proportionnelle partout, jusque dans les exécutifs fédéraux, pour qu’il y ait un minimum de débats sur les orientations et choix politiques.
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