COP 28: Un échec programmé ?
C’est le pronostic de Gordon Brown, ancien premier ministre britannique : « La COP28 restera dans l’histoire soit comme un moment charnière, soit comme l’occasion manquée d’un tournant majeur ».
Alors que nous approchons de la très importante conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) qui doit se dérouler à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre, la France est sur le point de jouer un rôle central. Forte de son expérience dans la conduite des négociations autour de l’accord de Paris sur le climat, en 2015, ainsi que dans l’organisation du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial (également appelé « sommet Macron-Mottley ») à Paris cet été, les 22 et 23 juin, la France est le pays le mieux placé pour faciliter un accord de partage de la charge, visant à financer l’adaptation et l’atténuation du changement climatique dans les pays du Sud.
S’il aboutissait, cet accord permettrait de surmonter l’impasse qui conduit à tant de sommets peu productifs et peu concluants. Sans accord, en revanche, le ressentiment des pays en voie de développement ira crescendo, après un été de sécheresses, d’inondations, d’incendies et autres catastrophes liées au climat.
Il y a quatorze ans, lors du sommet de Londres, en avril 2009, les dirigeants du G20 avaient relevé le défi de la crise financière mondiale, en engageant 1 000 milliards de dollars (917 milliards d’euros) de fonds supplémentaires pour contrer la grande récession qui avait éclaté l’année précédente. Aujourd’hui, pour faire face à une crise climatique qui s’aggrave et qui devient de plus en plus une menace existentielle, la communauté internationale doit mobiliser des montants plus élevés encore : 1 000 milliards de dollars par an de flux publics et privés en direction du Sud global pour financer sa transition écologique, selon Mari Elka Pangestu, l’ancienne directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats.
Aucune avancée ne pourra cependant avoir lieu sans un accord entre pays développés sur la question de savoir qui en supportera les coûts. Le doute règne d’ores et déjà quant à la capacité des Etats-Unis à respecter leur contribution au fonds climatique de 100 milliards de dollars, convenue durant la COP15 de Copenhague en 2009, bien que le pays ait réaffirmé son engagement cet été à Paris.
Par ailleurs, les appels en faveur du transfert de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux inutilisés (l’actif de réserve du Fonds monétaire international) par les pays à revenu élevé en direction des pays les plus vulnérables face au climat – un élément-clé de l’Agenda de Bridgetown de la première ministre de la Barbade, Mia Mottley – sont pour l’essentiel restés sans réponse. Quant au fonds « pertes et dommages » créé en 2022 lors de la COP27 en Egypte, il ne mobilise pas encore de grands donateurs à ce jour.
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