Inflation : potion magique ou potion amère ?
L’expert François Lenglet explique dans la tribune la grande différence entre les effets de l’inflation d’aujourd’hui qui tue le pouvoir d’achat et l’inflation d’hier jusque dans les années 80 qui consistait à reporter la facture sur l’avenir.
Le retour de la hausse des prix en Europe va réjouir le parti des « inflationnistes ». Un parti vigoureux en France, nostalgique de l’époque où l’on remboursait ses emprunts en monnaie de singe grâce à l’indexation des salaires sur les prix, un mécanisme en vigueur jusqu’au début des années 1980. Ce parti recrute désormais sur un argument de saison : la hausse des prix est le moyen idéal pour rançonner les créanciers sans qu’ils s’en aperçoivent, c’est-à-dire pour faire défaut sans le dire, et diminuer ainsi les dettes considérables, publiques ou privées, qui oblitèrent la reprise des pays développés.
C’est la potion magique pour revenir au monde d’avant la crise. Argumentaire simpliste, justement parce que l’échelle de perroquet prix-salaire a été cassée il y a trente ans. Toute poussée des prix est désormais subie… par le consommateur final, qui ne voit pas pour autant ses recettes et notamment sa rémunération progresser. Dans un monde où les prix n’entraînent pas mécaniquement les revenus, le retour de l’inflation ampute le pouvoir d’achat. On l’a vu en 2008, lorsque la flambée des matières premières et du pétrole a fait valser les étiquettes. Potion amère plutôt que potion magique, elle augmente le poids de la dette plutôt qu’elle ne le réduit, en diminuant les revenus réels.
Dans ce monde-là, qui est le nôtre, ce n’est pas la hausse des prix qui fera diminuer la dette, mais la croissance du PIB qui, elle, entraînera les revenus des entreprises, des salariés et de l’État. Pour alléger le boulet d’une dette excessive, il n’y a que deux solutions : la faillite ou la croissance. flenglet@latribune.f
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