Economie-La fin de l’inflation ?

Economie-La fin de l’inflation ?

L’inflation dans la zone euro et aux Etats-Unis a nettement ralenti. Mais la hausse des prix en France dopée par l’électricité, combinée à des niveaux de prix encore élevés, à la remontée des cours du pétrole et du gaz et à des craintes de « spirales prix/salaires », alimente des craintes tenaces. Pas de panique, car en matière d’inflation, c’est la masse monétaire qui fait loi. Sa récente contraction de part et d’autre de l’Atlantique indique que des pics d’inflation sont à terme très peu probables. « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ». C’est ce qu’affirmait à l’époque le légendaire économiste Milton Friedman. Il savait que l’inflation apparaît lorsqu’il y a une trop grande quantité d’argent pour trop peu de biens et de services. Ces dernières années lui ont encore donné raison. La croissance monétaire stimule le crédit et les dépenses, ce qui alimente l’inflation avec des décalages imprévisibles et variables.

par Ken Fisher président et directeur de Fisher Investments Europe, président exécutif et codirecteur des investissements de Fisher Investments. dans l’Opinion

Par exemple, l’agrégat M3 de la zone euro, la mesure la plus large de la masse monétaire de la région, a augmenté de 5,1 % en glissement annuel en 2019. En réponse à la crise sanitaire, la création monétaire de la BCE a porté la croissance de la masse monétaire M3 à un niveau record de 12,8 % jusqu’à janvier 2021. La croissance de la M4 aux Etats-Unis – une mesure plus large – a dépassé 30 % à la mi-2020, un acte d’une inexplicable idiotie de la part de la Réserve fédérale américaine.

La production pétrolière américaine devrait battre des records en 2024, ce qui compensera les réductions de l’OPEP+. La guerre en Israël ne devrait pas perturber l’approvisionnement mondial
Accélération. Les confinements ont perturbé l’approvisionnement, de sorte que l’argent frais n’a pas pu être entièrement dépensé immédiatement. Mais les banques, inondées de réserves injectées par la banque centrale, ont mis le paquet sur les prêts, à tel point que la croissance des prêts dans la zone euro et aux Etats-Unis a atteint un taux à deux chiffres en 2021. Sans être aussi vigoureuse, celle de la France est restée plus que correcte, atteignant 8,4 % en glissement annuel à la mi-2020 et une moyenne de près de 6 % en 2021 et 2022. L’inflation a suivi l’accélération des prêts.

Qu’en est-il aujourd’hui ? La croissance de la masse monétaire s’est inversée. Dans la zone euro, celle de la M3 a été négative en juillet et en août. Qu’en est-il de la M4 aux Etats-Unis ? Négative depuis décembre. La récente inflation a donc marqué le pas.

Les relevés préliminaires de septembre montrent un ralentissement de la hausse des prix dans la zone euro à 4,3 % en glissement annuel, loin du pic de 10,6 % d’octobre 2022. En France, l’inflation pointe aujourd’hui à 5,7 %, contre 7,3 % en février, et l’inflation de base (produits et services essentiels) est en net recul. L’IPC américain est tombé à un taux annuel de 3,7 %, après avoir atteint un sommet de 9,1 %.

Grande dépression. L’impact n’est pas encore réellement tangible, car les prix sont bien supérieurs à ceux de 2019. Mais c’est le taux qu’il faut surveiller, pas le niveau. Pour inverser complètement les récentes hausses de prix, il faudrait une déflation épique. Dans le monde occidental, ça ne se fait pas et ça n’arrivera jamais. Pour retrouver les niveaux de fin d’année 2019, l’agrégat M4 des Etats-Unis devrait se contracter de 32 %, soit une chute digne de la Grande Dépression ! Personne ne le souhaite.

Nombreux sont ceux qui affirment que les taux d’inflation normaux ne sont pas garantis, craignant une résurgence des prix de l’énergie et la redoutable « spirale prix-salaires », dans laquelle les augmentations de salaire entraînent des hausses de prix. Non ! La production pétrolière américaine devrait battre des records en 2024, ce qui compensera les réductions de l’OPEP+. La guerre en Israëlne devrait pas perturber l’approvisionnement mondial. La Chine, le Canada, le Brésil, l’Iran, l’Irak, la Libye, le Nigeria et le Venezuela augmentent tous leur production.

Quant au gaz naturel, ses prix sont bien inférieurs aux sommets atteints en 2022. Les stocks d’hiver de l’UE ont été reconstitués de manière précoce. Les prix de l’électricité sur le marché sont devenus négatifs cet été dans certaines parties de la région, y compris en France, en raison d’une surabondance d’énergie éolienne et solaire.

Ce sont les forces du marché – et non les interventions politiques maladroites – qui feront baisser les prix de l’énergie

Vous ne l’avez pas senti en août en raison de la hausse de 10 % des tarifs réglementés de l’électricité, mais les prix ont largement baissé sur l’ensemble du continent. Le président Macron affirme que ceux de la France vont reculer. Il dit vrai… pour les mauvaises raisons. Ce sont les forces du marché – et non les interventions politiques maladroites – qui les feront baisser. Néanmoins, l’électricité, le gaz et les autres combustibles ne représentent que 6 % de l’indice des prix de la zone euro et 5 % de celui de la France.

La spirale des prix et des salaires ? Un mythe. Oui, la croissance des salaires – à l’image des 5 % en glissement annuel en France au deuxième trimestre – est dynamique. Mais Milton Friedman a également montré, à l’époque, que les salaires suivent toujours et partout les prix, et non l’inverse. Le ralentissement de l’inflation à la suite de l’accélération de la croissance des salaires dans la zone euro et aux Etats-Unis en 2023 en est la preuve. Pourtant, personne ne semble s’en apercevoir, pas même les économistes universitaires qui devraient être mieux informés, mais ne le sont pas.

Goulets d’étranglement. Qui a oublié les cargos bloqués et les prix exorbitants du transport maritime ? Les goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement de l’ère Covid se sont résorbés et les tarifs de transport maritime dans les principaux ports de la zone euro ont chuté. La baisse a atteint -79 % en glissement annuel pour les liaisons Shanghai-Rotterdam, -43 % pour le New York-Rotterdam et -70 % pour le Shanghai-Gênes. L’indice Global Supply Chain Pressure de la Fed de New York a baissé à des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis 2015.

L’inflation galopante ne fait qu’ajouter des briques au « mur des inquiétudes » de ce marché haussier, laissant espérer la surprise positive qui fait grimper les actions. Attendez-vous à ce que les taux d’inflation continuent de baisser et à ce que les actions finissent par repartir à la hausse.

Ken Fisher est président et directeur de Fisher Investments Europe, président exécutif et codirecteur des investissements de Fisher Investments.

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