Médicaments : une pénurie en France ?
Des médicaments aussi classiques que les antibiotiques ou le paracétamol risquent de manquer cet hiver. En cause, les guerres qui perturbent l’approvisionnement mondial et le fait que la plupart des traitements sont produits en Asie notamment Chine. Évidemment, malgré la prise de conscience, la réindustrialisation de la filière pharmaceutique en Europe est encore loin d’être réalisée.
Plus de 3 700 médicaments ont connu des pénuries ou des tensions d’approvisionnement en 2022 en France et le chiffre risque d’augmenter en 2023, avec 3 500 déclarations de rupture ou risque de rupture à la fin du mois d’août, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). A la date du 18 octobre, les pharmacies étaient déjà à flux tendus sur plusieurs médicaments majeurs de l’hiver, selon un recensement de l’ANSM. Les stocks de certaines formes d’amoxicilline, de paracétamol, de prednisolone ou de fluticasone étaient ainsi inférieurs à sept jours, voire à trois jours, contre un stock de plus de sept jours dans une situation considérée comme normale.
Aurélien Rousseau a rappelé sur France Inter que le gouvernement s’attaquait aux problèmes des pénuries en « relocalisant en France la production de 25 médicaments stratégiques » et en travaillant à la meilleure disponibilité de « 450 médicaments essentiels ».
L’Union européenne s’est aussi saisie du sujet. La Commission a dévoilé, fin octobre, son plan pour remédier aux pénuries, annonçant notamment le lancement d’un mécanisme européen de solidarité volontaire en matière de médicaments, dès octobre.
Parmi les autres mesures dévoilées, on trouve aussi l’autorisation de dérogations réglementaires à partir de 2024, par exemple en prolongeant la durée de conservation de certaines molécules ou l’acquisition de stocks conjoints à l’UE pour l’hiver prochain.
« Difficile de savoir si ces mesures seront suffisantes pour passer l’hiver, car on n’a pas encore assez de recul. » pour Bruno Maleine, représentant des officines à l’Ordre national des pharmaciens
Parmi les pistes encore à creuser, il estime, comme de nombreux observateurs, qu’il « faut s’interroger sur la rentabilité » des médicaments pour les industriels… c’est-à-dire leur prix.
Le pharmacien pointe par ailleurs que la vente à l’unité n’est pour l’instant pas « adaptée » à la façon dont sont conçus les médicaments.
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