Guerre Israël-Hamas : pour une condamnation des crimes
Il est plus que jamais indispensable de repousser les discours qui appartiennent au registre du fondamentalisme et de revenir à une conception historique de ce conflit, assure l’historienne Stéphanie Laithier, dans une tribune au « Monde ».
Depuis le matin du 7 octobre, date du déclenchement de l’attaque conjointe du Hamas et du Jihad islamique contre l’Etat hébreu, les Israéliens et le monde entier découvrent, avec stupeur et effroi, l’ampleur du massacre perpétré par ces deux mouvements palestiniens.
Stupeur devant l’apparente facilité avec laquelle les terroristes se sont infiltrés sur le territoire israélien et ont ensuite gagné différentes localités du Sud, effroi face aux centaines de civils et de soldats tués ou grièvement blessés, certains égorgés, mutilés ou brûlés vifs dans leur propre maison. A ces victimes s’ajoutent celles qui ont été emmenées dans la bande de Gaza, femmes, hommes et enfants exhibés sur les réseaux sociaux par leurs bourreaux comme des trophées macabres.
En Israël, la sidération, l’angoisse et la colère ne faiblissent pas. La détermination à anéantir les agresseurs du Hamas est forte et largement soutenue par une population traumatisée. A l’heure où la riposte a déjà causé plus de 3 000 morts [selon le ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas], nous entrons dans le énième épisode d’un engrenage guerrier.
Cependant, en raison du choc ressenti en Israël et dans une partie du monde face à la nature de l’agression, comme de l’implication à peine voilée d’autres acteurs régionaux, cette nouvelle étape pourrait bien s’avérer plus lourde encore de conséquences pour les populations palestinienne et israélienne, et favoriser par ailleurs un embrasement général.
Au même moment, dans de nombreux pays, certains peinent à condamner les exactions commises par les terroristes et trouvent parfois à les justifier, incapables qu’ils sont de reconnaître que ces dernières transcendent toutes les appartenances pour atteindre notre humanité même. La dénonciation sans ambages de ces crimes est pourtant une condition indiscutable à toute tentative future de mettre en œuvre une sortie de conflit acceptable pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. La cause de ces derniers a été déshonorée par ces actes odieux et le soutien dont elle fait légitimement l’objet mérite assurément mieux que les atermoiements ou l’indifférence face à l’horreur.
Certes, on peut s’interroger sur la politique des gouvernements israéliens successifs ces dernières années et sur les décisions prises par des cabinets ministériels qui semblent avoir contribué à fragiliser la sécurité de leurs propres citoyens. On peut également revenir sur les motivations qui ont mené à l’échec d’une résolution du conflit et sur la perte consécutive de toute forme d’espoir au sein de la société palestinienne.
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