Société «La haine». (Alain Bauer)
Alors qu’Israël hésite encore entre puissante incursion ou invasion de la bande de Gaza, et réduit encore ce minuscule territoire de 360 km2 de moitié et crée une frontière intérieure marquée par le Wadi Gaza, une « rivière » composée de sources naturelles et immense déversoir des eaux usées des deux millions d’habitants du territoire, il faut déjà se projeter sur un possible « après ». Dans un processus plein de fureur, de revanche et de vengeance mêlée, que l’indifférence mondiale doublée du doute devant la barbarie même des exactions terroristes menées par le Hamas, dont la plupart des actions le 7 octobre visaient des civils dans des habitations clairement identifiées et préalablement repérées, incluant des assassinats, des enlèvements, des actes de torture.
par Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des arts et métiers. dans Lopinion.
Il vient de publier «Au commencement était la guerre» (Fayard).
A la différence du droit de la guerre, il n’y a pas de « droit du terrorisme ». Pas de crimes de guerre, juste des crimes. Qui peuvent s’ajouter, mais pas se cacher derrière des crimes de guerre menés par des unités militaires et faisant des victimes civiles collatérales ou usant de moyens barbares contre des militaires adverses. Les enfants enlevés ou tués, vivaient le 7 octobre dans les villages israéliens implantés dans les frontières de 1967 reconnues par la dernière version de la charte du Hamas, étaient des cibles principales, délibérées, préméditées. Le Hamas le proclame et en diffuse les preuves directement. A défaut de croire Israël, croyons le Hamas quand il l’avoue spontanément…
Il ne s’agit pas de marquer politiquement une organisation politique qui défendrait les droits des Palestiniens de Gaza, qu’il a pris en otages bien avant les malheureux raflés la semaine dernière, mais bien d’en identifier la nature morale. Terroriser volontairement, directement, sciemment, des civils, est du terrorisme. Point.
Il y aura un après Hamas. Comme il y eut un après GIA, un après al-Qaida. Ce fut toujours pire
Chute. S’il est difficile, voire inaudible d’appeler Israël à la retenue, à la maîtrise, au ciblage précis de son action de représailles, il faut encore et toujours essayer. Même si le camp de la paix a été noyé dans le sang des exécutions sommaires perpétrées par le Hamas, il faut encore essayer de sauver les accords d’Abraham et une stabilisation des relations entre Arabes et Israéliens. Si le Qatar peut encore sauver des otages, l’Arabie saoudite détient la clé diplomatique majeure qui ne pourra pas faire l’économie d’une solution pour les populations palestiniennes devenues pendant ces dernières années une simple variable d’ajustement, permettant à l’Iran de saboter toute initiative de paix dans la région.
Il y aura un après Hamas. Comme il y eut un après GIA, un après al-Qaida. Ce fut toujours pire.
Après la vengeance, après les enquêtes qui prouveront les intentions du Hamas et les responsabilités déjà admises du gouvernement d’Israël qui devra rendre des comptes à son peuple, il faudra bien construire quelque chose qui dépasse la haine intensifiée qui s’est répandue et consolidée ces derniers jours. Et qui restera pour longtemps.
Dans sa version cinématographique qui marqua l’opinion il y a près de trente ans, le public a souvent retenu une phrase devenue « culte » : « l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. » Ici, tout est dans la chute.
Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Il vient de publier «Au commencement était la guerre» (Fayard).
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