Hamas Gaza : le piège d’une opération terrestre
Plusieurs options tactiques s’offrent au gouvernement et aux responsables militaires israéliens, contraints d’agir de manière décisive pour calmer l’opinion publique, estime, dans une tribune au « Monde », un spécialiste des études stratégiques.
Il aurait pu s’agir du teaser d’une nouvelle saison de la série-culte israélienne Fauda [centrée sur les forces spéciales de l’armée], mais les images choquantes qui circulent depuis samedi 7 octobre et le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël reflètent le drame bien réel qui se noue autour de Gaza. L’appareil sécuritaire et de renseignement israélien a été pris par surprise, expliquant le succès initial de l’offensive du Hamas et les pertes terribles subies par les civils israéliens. Nul doute qu’une commission ad hoc viendra enquêter sur les raisons de cet échec, comme la commission Agranat l’avait fait après la guerre d’octobre 1973. Le plus probable n’est pas que les experts israéliens n’aient rien vu venir, mais que leurs chefs et les décideurs politiques n’aient pas tenu compte de leurs avertissements.
Pour l’instant, la population israélienne, toutes tendances confondues, se tient unie derrière son armée. Le Hamas, retranché dans Gaza, dispose d’une centaine d’otages très certainement éparpillés et bien gardés, qui constituent autant de moyens de pression et de négociation face à Israël. La mobilisation générale a été décrétée et les chefs de Tsahal [l’armée israélienne], tout comme le gouvernement, doivent déterminer la riposte la plus appropriée pour affaiblir durablement le Hamas et libérer les otages. Ils font face à plusieurs dilemmes : tactique, pour limiter les pertes israéliennes ; opérationnel, pour choisir le mode d’action le plus efficace ; et stratégique, pour atteindre leurs buts de guerre en empêchant le Hamas d’obtenir les siens. Trois options semblent s’offrir à eux.
Tout d’abord, l’établissement d’un siège hermétique de la bande de Gaza qui étouffe le Hamas et ses alliés du Jihad islamique. C’est la solution privilégiée pour l’instant par Benyamin Nétanyahou. L’avantage consiste à éviter les pertes du côté israélien, à affaiblir le Hamas et à donner le temps à Tsahal de peaufiner ses plans ; l’inconvénient est qu’un siège ne permet pas de récupérer les otages, qu’il risque d’isoler Israël sur la scène internationale et qu’il pourrait mettre en grande difficulté le gouvernement israélien si le Hamas mettait en scène l’exécution d’otages.
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