Journaliste Ariane Lavrilleux en garde à vue : » métier en péril »
Nous, journalistes et membres de sociétés de journalistes, apportons tout notre soutien à la journaliste indépendante Ariane Lavrilleux, placée en garde à vue mardi 19 et mercredi 20 septembre, et dont le domicile a été perquisitionné pendant près de dix heures, à la suite de ses révélations en 2021 avec le média d’investigation Disclose sur des opérations de l’armée française en Egypte. Cette enquête portait sur l’opération « Sirli », menée à partir de 2015 par la direction du renseignement militaire (DRM) pour le compte de la dictature du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi.
L’arrestation de notre consœur dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte pour des faits de « compromission du secret de la défense nationale » et de « révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé », à la suite d’une plainte déposée par le ministère des armées, représente une attaque sans précédent contre la protection du secret des sources des journalistes, qui constitue une des « pierres angulaires de la liberté de la presse », selon les termes de la Cour européenne des droits de l’homme.
Cette situation gravissime, qui s’inscrit dans un contexte de multiplication des procédures contre les journalistes ces dernières années (convocations par la direction générale de la sécurité intérieure, tentative de perquisition d’une rédaction…), doit mobiliser toutes les personnes attachées à la liberté d’informer en France. Nous en appelons ainsi à la ministre de la culture et de l’information, Rima Abdul Malak, et au président de la République, Emmanuel Macron, pour qu’ils fassent du renforcement de la protection des sources des journalistes et de l’indépendance des rédactions un enjeu prioritaire des « Etats généraux de l’information » qui doivent s’ouvrir le 3 octobre.
Tous les jours, dans chacune de nos rédactions, et dans la diversité de nos lignes éditoriales, notre travail consiste précisément à publier des informations qui reposent sur des documents confidentiels couverts par toutes sortes de secrets, y compris du « secret-défense » lorsque les sujets portent sur l’armée et le secteur de la défense. Nous le faisons en responsabilité, en mesurant la sensibilité de la matière que nous recueillons, sans sensationnalisme et en respectant les règles déontologiques qui régissent notre profession, dans le seul souci d’informer le public sur des sujets d’intérêt général. Sans garantie pour la protection de nos sources, c’est l’exercice même de notre métier qui est mis en péril.
Signataires : les sociétés de journalistes et de rédacteurs de l’AFP, Arrêt sur images, BFM-TV, Challenges, Courrier international, Epsiloon, Franceinfo.fr, FranceTVinfo, France 3 rédaction nationale, France Télévisions rédaction nationale, Indigo Publications, L’Express, L’Humanité, L’Informé, L’Obs, L’Usine nouvelle, La Tribune, La Vie, LCI, Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, Le Point, Les Echos, Libération, M6, Marianne, Mediapart, NRJ, Paris Match, Public Sénat, Premières Lignes, Radio France, RFI, RMC, RTL, Sud Ouest, Télérama, TF1, 60 Millions de consommateurs, ainsi que l’association Profession : pigiste.
Collectif et La Société des rédacteurs du « Monde »
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