Un plan pour sauver l’industrie en France
L’ancien financier Yves Perrier et le docteur en philosophie politique François Ewald analysent dans les mutations qui ont conduit à la désindustrialisation du pays.
dans « Le Monde »
Quand un ancien ponte de la finance dénonce les méfaits du « capitalisme financier », cela peut prêter à sourire. Mais au moins connaît-il bien le sujet. Ancien directeur financier de la Société générale, du Crédit lyonnais, puis fondateur et président jusqu’en 2023 du géant européen de la gestion d’actifs Amundi (près de 2 000 milliards d’euros d’encours gérés), Yves Perrier a vécu aux premières loges, depuis quarante-cinq ans, l’évolution du capitalisme mondial.
Pour analyser les mutations profondes ayant conduit au déclin économique français, il s’est associé au docteur en philosophie politique François Ewald, grand spécialiste de l’Etat-providence, avec pour objectif d’en tirer des recommandations. Lesquelles ? Leur ouvrage Quelle économie politique pour la France ? (L’Observatoire, 352 pages, 23 euros) affiche ses ambitions avec ce sous-titre : Pour un nouveau pacte Etat-entreprises-citoyens.
Pour les auteurs, le fait majeur des dernières décennies reste l’effacement de l’Etat stratège. Le colbertisme des années Pompidou a laissé la place à une croissance débridée des multinationales françaises, dont le capital a basculé « dans les mains des fonds de pension anglo-saxons », et qui ont, en conséquence, embrassé à partir des années 1990 les codes néolibéraux venus des Etats-Unis, entre course aux profits, délocalisations et folles rémunérations des dirigeants.
Stratégie désastreuse
La montée des inégalités sociales, dans le sillage de la globalisation et de la financiarisation de l’économie, a été maintes fois dénoncée. M. Perrier et M. Ewald se concentrent, eux, sur la question de l’efficacité de ce modèle de production. La France a-t-elle mieux réussi que ses rivaux ? Non, c’est l’inverse qui s’est produit. Cette stratégie s’est révélée désastreuse pour le pays en accélérant sa désindustrialisation.
Désormais, le poids de l’industrie dans le PIB français est équivalent à ce qu’il est dans celui de la Grèce, bien en dessous de l’Allemagne ou de l’Italie. Est-ce grave, docteur ? Oui, car « c’est d’abord dans l’industrie que se crée la valeur ajoutée », martèlent les auteurs, qui pointent le cercle vicieux engendré : la perte de richesse a eu pour conséquence une dérive des finances publiques, afin que l’Etat puisse panser les plaies sociales de la désindustrialisation.
Si le diagnostic est implacable, le message se veut toutefois « optimiste ». M. Perrier et M. Ewald appellent à renouer avec la planification
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