88% des Français sont partis en France cet été
La ministre déléguée au Tourisme, Olivia Grégoire, a annoncé que «88% des Français sont partis en France». Elle évidemment de préciser qu’il ne s’agit que des 50 % de Français qui partent en vacances ( autour de 55 %). Les vacances en France ont été privilégiées essentiellement en raison de la crise économique et de la réduction du pouvoir d’achat. D’une façon générale, les Français ont renié sur à peu près toutes les dépenses notamment la restauration. Pour l’ensemble de l’été, la ministre s’est félicitée d’une saison «globalement excellente en France, du même cru que l’an passé, qui était record». «L’été marque le grand retour de la clientèle internationale, alors que la fréquentation des Français est restée à ses très bons niveaux de 2022.
Le taux de départ en vacances a peu évolué au cours des trente dernières années. Il était de 61 % en 1989 selon l’Insee et de 64 % selon le Crédoc en 2019. En 2020 et 2021, la crise sanitaire qui logiquement a fait chuter le taux. Et en 2023 c’est la baisse du pouvoir d’achat qui a freiné le nombre de départs en vacances
Le boom des vacances s’est produit entre les années 1970 et 1980. Le taux de départ (selon la mesure de l’Insee) a grimpé de 42 % à 58 % entre 1964 et 1985 1. Le taux de départ a tout de même connu un creux dans les années 2000, autour de 55 %.
Hors période de crise, environ 40 à 45 % % de la population ne part pas chaque année. Prendre des vacances est loin d’être le lot commun. Et encore, la définition des congés est très large : il suffit de passer quatre jours hors du domicile personnel. Les vacances elles-mêmes peuvent être de nature très différente. Il peut s’agir de quelques kilomètres pour visiter de la famille ou des amis un week-end prolongé, comme de plusieurs semaines à l’étranger.
Le plafonnement du taux de départ peut s’expliquer de plusieurs façons. Depuis près d’une vingtaine d’années, les niveaux de vie stagnent pour les catégories les moins favorisées, ce qui n’aide pas à partir. La précarité de l’emploi rend aussi les départs difficiles. Une précédente étude du Crédoc avait montré que la hausse du taux de départ à la fin des années 2000 et au début des années 2010 résultait pour l’essentiel d’une progression chez les seniors : le taux de départ des plus de 70 ans est alors passé de 32 à 47 % entre 2008 et 2014. Les revenus de ces générations progressent, car elles ont moins été marquées par le chômage et du fait de l’activité féminine. En meilleure santé physique, leurs modes de vie – et leur rapport aux loisirs – changent. À l’inverse, entre 2009 et 2014, le taux de départ des 18-24 ans avait baissé de 65 à 60 %.
En matière de congés, le revenu joue bien entendu. Selon l’Insee de moins en moins de ceux qui figurent parmi les plus modestes disent « ne pas avoir les moyens de se payer une semaine de congés hors de leur domicile » (voir graphique). Pour autant, la moitié des 20 % les plus pauvres sont dans ce cas, ce qui représente environ six millions de personnes (enfants compris). Le contraste est grand entre le modèle véhiculé par exemple par la télévision sur les modes de vie des Français et le vécu d’une grande partie des familles de milieu populaire. Le modèle de la famille qui se met au vert l’été et au blanc l’hiver reste l’apanage du haut de l’échelle sociale. Parmi les ménages modestes, seuls ceux qui disposent d’un hébergement gratuit (famille ou amis) ou qui sont aidés par un comité d’entreprise (pour ceux qui travaillent dans les plus grandes entreprises) peuvent s’offrir de plus longs congés hors de chez eux.
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