Politique- Afrique : la France bien seule pour défendre la démocratie
Au lieu de défendre la démocratie la plupart des pays occidentaux tentent individuellement de renforcer leur pouvoir d’influence sur le continent africain. Du coup la France se trouve bien isolée. Un mois après le coup d’Etat au Niger, la France, bien seule dans sa posture, se pose en défenseuse de la démocratie. Difficile de voir comment elle peut résister à la lame de fond du rejet de sa présence militaire en Afrique subsaharienne, analyse Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.
« On vit chez les fous ! » La formule, très répandue dans la vie de bureau autour de la machine à café, l’est moins de la tribune d’un président de la République française, a fortiori quand elle se rapporte à certaines élites africaines. Le fait qu’elle ait échappé à Emmanuel Macron au cours de son discours devant les ambassadeurs, lundi 28 août à l’Elysée, reflète la frustration de Paris face à l’image d’échec de sa politique africaine que projette le coup d’Etat du 26 juillet au Niger. L’annonce d’un nouveau putsch, au Gabon cette fois, à peine deux jours après ce discours, est venue assombrir un peu plus le panorama.
Les « fous », ce sont, dans le langage macronien, « cette alliance baroque de prétendus panafricains avec des néo-impérialistes » qui rejette la présence française en Afrique subsaharienne. Intéressante description de la dynamique à l’œuvre dans une région où l’ancienne puissance coloniale ne cesse de reculer sous l’effet de ce que M. Macron appelle « une épidémie de putschs ». Le Niger fut son refuge lorsque les militaires basés au Mali ont dû plier bagage. Aujourd’hui, une junte à Niamey demande à son tour aux Français de partir.
Bravache, la France refuse le diktat des putschistes, maintient son ambassadeur au-delà de l’ultimatum posé pour son départ, mise sur les dissensions au sein de la junte et sur l’effet des sanctions. M. Macron tente de sauver l’honneur en se posant en défenseur de la démocratie : la France ne saurait abandonner aux preneurs d’otage un président élu dont « le courage et l’engagement » collent aux valeurs défendues par l’Occident.
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