BRICS : Une organisation très hétérogène
Le passage de cinq à onze membres du club des économies émergentes ne change pas la réalité : c’est moins un succès pour la défense du Sud global qu’un succès politico-diplomatique pour Pékin, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
Dire que les BRICS construisent moins qu’ils ne parlent serait sans doute un peu injuste, mais pas moins près de la vérité. Le passage de cinq à onze membres de ce club des économies émergentes ne change pas la réalité : beaucoup de déclarations, peu d’action. Tout dans le Stetson mais pas de bétail, dirait-on au Texas. Pour autant, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) égrènent une série de doléances plus justifiées que jamais.
Réunis en sommet à Johannesburg, du 22 au 24 août, les « cinq » ont trié parmi quelque 22 pays candidats. Et intégré six d’entre ces derniers : Argentine, Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. A cinq ou à onze, le profil du groupe reste le même, dominé par une Chine qui à elle seule compte pour 70 % du poids économique de l’ensemble. La voix de Pékin est plus forte que celles des autres.
Dans leur nouvelle configuration, les BRICS représentent près de la moitié de la population du globe, 37 % du produit intérieur brut mondial et plus de 50 % des réserves d’hydrocarbures de la planète. C’est une fiche signalétique qui commande le respect. En face, le vieux monde développé, l’Occident, réuni dans le G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), « pèse » de moins en moins lourd : 9,8 % de la population et un tiers de la richesse du monde. Rassemblées dans un communiqué de 26 pages, long comme un jour de pluie, les revendications des BRICS n’en sont que plus légitimes.
Message central : telles qu’elles ont été posées en 1945, les grandes bases du système international, économiques et financières mais aussi politiques, favorisent l’Occident aux dépens des autres – l’Ouest aux dépens du « reste », disait l’essayiste américain Fareed Zakaria. Cela va des règles de fonctionnement du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale au financement de la lutte contre le réchauffement climatique, et du « droit » d’ingérence dans les affaires des autres, sous forme de sanctions, que le dollar en tant que monnaie de réserve donne aux Etats-Unis, à la composition du Conseil de sécurité de l’ONU.
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