Le fiasco français des résultats des mondiaux d’athlétisme
Pour les professeurs d’université Jean Griffet et Maxime Travert, réduire le sport à une dimension sanitaire ne permet pas de fidéliser la pratique sportive. C’est pourquoi il convient, expliquent-ils dans une tribune au « Monde », de revoir la place de la culture sportive dans nos sociétés.
Les dirigeants de la Fédération française d’athlétisme (FFA) sont convoqués au ministère des sports pour s’expliquer sur l’absence de résultats significatifs aux championnats du monde d’athlétisme. Compte tenu des efforts financiers consentis par notre pays en direction des fédérations, il est légitime qu’un bilan soit réalisé, à la fin de chaque grande compétition, afin de mesurer l’efficacité des moyens mis en œuvre.
Mais ces résultats doivent également interpeller l’efficacité de nos politiques publiques de promotion du sport dans la société. Certes, il y a une distance considérable entre les pratiquants d’exception et les pratiquants ordinaires. Les premiers n’existeraient toutefois pas sans les seconds.
Or, les Françaises et les Français – plus particulièrement les jeunes générations – sont de moins en moins sportifs : la culture sportive n’est plus un élément stable et massif qui participe à la construction de leur place dans la société.
Face à cette réalité, les pouvoirs publics engagent des initiatives dont l’ambition principale est de « faire bouger » les jeunes et les adolescents. L’objectif premier n’est pas dissimulé : il s’agit de lutter contre la sédentarité et ses conséquences négatives sur la santé.
Pour autant, l’adhésion à la pratique sportive ne devrait pas se réduire à une ambition sanitaire. Bouger, ce n’est pas faire du sport. Faire du sport, c’est s’engager, éprouver des plaisirs, ceux – multiples et variés –, que procure sa pratique et qu’il convient d’identifier avec soin. Nier ces dimensions expressives associées à tout engagement sportif, c’est ignorer tous ceux qui pratiquent le sport, et ils sont nombreux, pour d’autres raisons que celles centrées sur la santé.
Un autre aspect ne doit pas être ignoré. Si une grande majorité des jeunes ont pratiqué un sport, nombreux sont ceux qui l’abandonnent : sa pratique n’est plus attractive. Elle est même parfois devenue répulsive. Par conséquent, l’action publique ne peut plus se limiter à porter des initiatives uniquement centrées sur la promotion du sport ; elles doivent également être pensées autour de la fidélisation de nos jeunes à sa pratique, afin de traiter le problème du décrochage sportif.
0 Réponses à “Le fiasco français des résultats des mondiaux d’athlétisme”