Rétablir la confiance entre police et justice
La magistrate Béatrice Brugère et le policier Grégory Joron, tous deux affiliés à Force ouvrière, entendent, dans une tribune au « Monde », sortir du débat stérile entre police et justice et rappellent que ces deux institutions se parlent, y compris sur des sujets complexes.
Pourquoi policiers et magistrats sommes-nous unis ? Parce que nous avons choisi d’inscrire nos actions sous la valeur de l’unité, mais surtout parce que notre société ne peut vivre en paix que si nos deux institutions fonctionnent ensemble. Justice et police sont les deux faces d’une même pièce, indissociables. Pourtant, ce ne sont ni les épreuves ni les obstacles qui manquent et nos détracteurs sont légion – parfois dans nos rangs –, mais nous resterons unis.
Depuis plusieurs années, la police nationale est soumise à un enchaînement de missions sans que les moyens suivent au même rythme : attentats, loi sur le travail puis sur les retraites, « gilets jaunes », Covid-19, lutte contre les stupéfiants, violences intrafamiliales, et récemment émeutes et pillages. Face à ce besoin de sécurité, tout semble reposer sur les épaules des policiers.
Du côté des magistrats et des greffiers, la situation n’est guère plus enviable. Nous assistons à un profond délitement des conditions de travail. Les acteurs judiciaires sont sous-équipés et mal dotés, alors que les missions augmentent au rythme effréné des nouvelles lois. Le bilan des Etats généraux de la justice frôle celui d’une faillite.
Alors que, chargés d’une mission de service public, nous essayons de rester fidèles à nos engagements dans un contexte de crises, nous déplorons que le « police bashing » réduise l’action de la police à une caricature de violences illégitimes tandis que les policiers comptent plus de dix mille blessés en service par an et sont les cibles assumées des délinquants.
Quant à l’action de la justice, elle doit être rendue dans un climat serein, respectueux des principes de présomption d’innocence et d’impartialité, et pas dans la rue ou sur les plateaux de télévision.
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Tout cela participe à un climat délétère entretenu par une minorité hurlante qui prend le pas sur une majorité silencieuse. Dans ce climat, nous refusons d’être assignés dans un camp. Le débat nécessaire pour améliorer nos institutions ne peut se réduire à un combat fratricide, insensé, inutile, où toute posture devient imposture. Nos deux institutions travaillent au quotidien en bonne intelligence, et cette crise doit être analysée avec mesure si l’on veut la résoudre.
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