La climatisation : une aberration écologique

La climatisation : une aberration écologique


Un bon papier de BFM fait le point sur le caractère anti écologique de la climatisation. Avec l’augmentation des températures, l’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale en climatiseurs va passer de 1,6 milliard en 2018 à 5,6 milliards en 2050. « Cette demande est une conséquence du réchauffement climatique car jusqu’à présent on pouvait s’en passer », affirme à BFMTV.com Céline Laruelle, ingénieure au service bâtiment de l’Ademe.
Extrait

Un quart des ménages français étaient équipés de climatiseurs en 2020, contre 14% en 2016, selon l’Ademe. Alors qu’environ 350.000 appareils se vendaient chaque année au milieu de la dernière décennie, ce nombre s’est hissé à 800.000 en 2020. Aux États-Unis, où 90% des logements sont climatisés, de nombreuses villes du sud ne ne sont véritablement vivables que grâce à cette technologie.

« Le problème n’est pas la climatisation mais son utilisation massive et déraisonnée: ça évite aussi des impacts néfastes sur la santé donc il faut l’utiliser avec modération pour les maisons de retraite, les personnes vulnérables ou les fortes canicules », explique Vincent Viguié, chercheur en économie du changement climatique au Cired.

« 
D’après l’Agence internationale de l’énergie, la climatisation représente 10% de la consommation d’électricité dans le monde. En outre, dans l’Hexagone, un degré au-dessus des normales de saison se traduit ainsi par une augmentation de la consommation électrique d’environ 700 MW lorsqu’il fait chaud.

Conséquence, en 2022, la consommation d’électricité a connu une importante augmentation durant l’été, mettant sous pression le réseau et poussant le pays à compter sur les importations à cause de la faible disponibilité de son parc nucléaire, indiquait RTE.

Le majeur problème de la climatisation reste toutefois les fluides frigorigènes, un gaz à effet de serre très puissant, indispensable à la production d’air frais, qui se libère dans l’atmosphère en cas de fuites, lors de la maintenance des appareils ou à leur fin de vie. En 2020, elle a été responsable de 5% des émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment, a évalué l’Ademe.

Les fluides HFC, moins nocifs pour la couche d’ozone, ont remplacé les CFC et HCFC mais ils n’en restent pas moins un puissant gaz à effet de serre.

Les climatiseurs ont également un effet direct sur les températures extérieures, alimentant ainsi un véritable cercle vicieux. En plus de leur contribution globale au réchauffement climatique, ils rejettent de l’air chaud et participent ainsi à réchauffer localement la température.

Une étude du CNRS et de Météo France à laquelle Vincent Viguié a participé montre qu’à Paris, si tout le monde utilise la climatique lors d’une canicule, cela peut entraîner une hausse de 2°C dans les rues.

« Ça augmente les températures pour tout le monde notamment pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser la climatisation », explique le chercheur, mentionnant notamment les personnes qui vivent ou travaillent dans les rues. En somme, plus les gens sont équipés en climatiseurs, plus il est compliqué pour les autres de ne pas en avoir.

« On est là sur une maladaptation car on s’adapte au réchauffement climatique en aggravant le problème et notre vulnérabilité », affirme Vincent Viguié.

De plus, l’accès à la climatisation reste pour l’heure très inégal puisque 37% des cadres et professions intellectuelles supérieures sont équipés à leur domicile, contre seulement 19% des ménages avec une personne sans emploi ou inactive. Du côté des bâtiments tertiaires, si les centres commerciaux sont presque systématiquement équipés de climatisation, les bâtiments d’enseignements eux, ne sont climatisés qu’à 7%.

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