ZFE : des inégalités et des risques de révolte
Un nouveau sujet explosif: les ZFE, c’est-à-dire ces zones qui seront interdites aux voitures des plus anciennes. Une forme de discrimination économique et sociale supplémentaire. En effet ce sont souvent ceux qui n’ont pas les moyens financiers de résider dans le centre des villes qui conjuguent habitat éloigné et voitures forcément plus polluantes puisque plus anciennes. Notons que dans ces populations, les salariés occupent souvent des emplois de service tôt le matin et tard le soir quand les transports collectifs deviennent quasiment inexistants.
Missionnés par le gouvernement sur les zones à faibles émissions (ZFE), le Toulousain Jean-Luc Moudenc et la Strasbourgeoise Anne-Marie Jean viennent de remettre leur rapport au ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu. Les deux élus de France urbaine y érigent en priorité les mesures sociales d’accompagnement des plus modestes. L’exécutif vient de reporter la plupart des décisions au mois de septembre
« Changer les règles de façon à éviter une explosion sociale du type Gilets jaunes puissance 10 ». Tel est l’objectif de Jean-Luc Moudenc et d’Anne-Marie Jean avec leur rapport rendu ce 10 juillet au gouvernement, comprenant 25 mesures pour une application « plus juste » et « plus cohérente » des zones à faibles émissions (ZFE). Au nom de l’association d’élus France urbaine, le maire (ex-LR) et président de Toulouse métropole, ainsi que sa co-autrice vice-présidente (Divers gauche) de l’Eurométropole strasbourgeoise, viennent de mener de multiples auditions et remontées de terrain.
« Nous avons voulu synthétiser les constats émanant du terrain et les difficultés recensées dans la mise en œuvre de ces ZFE (…) L’idée consiste à moins brutaliser les gens. C’est une transition que nous devons organiser et, par définition, une transition induit une nécessaire progressivité, et non de l’immédiateté, en allant dans une direction donnée. Actuellement, nous y allons un peu trop à marche forcée », témoigne Jean-Luc Moudenc interrogé par La Tribune.
Jusqu’à présent, 11 ZFE étaient déjà en œuvre et 32 autres devaient suivre, d’ici au 1er janvier 2025, dans les agglomérations de plus de 150.000 habitants. Avec des calendriers de mise en application différents et des périmètres géographiques concernés pas forcément cohérents. Mais, ce 10 juillet, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a redessiné la carte des ZFE : Paris, Marseille, Strasbourg, Rouen et Lyon sont confirmées comme ZFE, à la différence des autres agglomérations qui sont désormais catégorisés « Territoires de vigilance ».
« Ces ZFE ont été décidées en 2019 pour lutter contre la pollution atmosphérique. Seulement, la situation économique était totalement différente. Les problématiques de pouvoir d’achat d’aujourd’hui n’existaient pas », poursuit le maire de Toulouse.
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