Quels mécanismes de financement internationaux pour les les pays du Sud ?
par
Ajay Mathur
Directeur général de l’Alliance solaire internationale
En marge du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, Ajay Mathur, dirigeant de l’Alliance solaire internationale, plaide dans une tribune au « Monde » pour orienter l’aide multilatérale vers la réduction des risques pour les investisseurs privés.
L’économie de l’énergie solaire a connu une véritable révolution au cours de la dernière décennie. En 2010, le monde comptait 44 gigawatts (GW) de capacité solaire photovoltaïque installée. Aujourd’hui, ce sont près de 942 GW qui sont déployés sur la planète, soit une augmentation de plus de 2 000 % en un peu plus de dix ans.
Portés par la chute spectaculaire du prix des technologies et par les besoins de nouvelles capacités de production d’électricité décarbonée pour lutter contre le changement climatique, les investissements dans le solaire devraient cette année, pour la première fois de l’histoire, dépasser ceux mis en œuvre dans les énergies fossiles, à raison d’un peu plus d’un milliard de dollars (environ 916 millions d’euros) par jour en moyenne, selon un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie.
Mais dans les pays émergents, les forces du marché ne peuvent faire baisser le coût des énergies renouvelables que jusqu’à un certain point. Nous avons donc impérativement besoin de mécanismes de financement internationaux innovants pour accélérer les installations dans les pays du Sud et contribuer à alimenter le monde en énergie propre et durable.
Davantage de capitaux commerciaux doivent être investis dans des projets d’énergies renouvelables dans les pays du Sud. Ces projets sont intensifs en capitaux et leurs développeurs doivent, dans les pays émergents, souvent composer avec des taux d’intérêt élevés, car les prêteurs perçoivent plus de risques dans ces régions que dans les pays plus riches.
Ces risques reflètent des facteurs tels que l’incertitude quant au respect des accords d’achat d’électricité, ou encore des troubles politiques ou sociaux. Pour amplifier les déploiements des projets d’énergies renouvelables dans le Sud, il est absolument fondamental de réduire le risque perçu et donc le coût du capital.
C’est en Afrique que l’on observe le plus grand décalage entre les investissements nécessaires et la réalité du déploiement des énergies renouvelables. Le continent devra doubler sa capacité de production pour atteindre 497 GW d’ici à 2030 afin de répondre à la demande croissante d’énergie. L’Afrique aura besoin de 70 milliards de dollars d’investissements dans le seul secteur solaire au cours des cinq à sept prochaines années.
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