Pour-un-impôt-exceptionnel-sur-le-capital (Jean Pisani-Ferry )
Jean Pisani-Ferry
professeur d’économie à Sciences Po (Paris) et chercheur à l’Institut Bruegel, (Bruxelles) et au Peterson Institute for International Economics (Washington)
Auteur d’un récent rapport remis à Matignon, l’économiste défend, dans sa chronique au « Monde », le recours à l’endettement, à travers un « instrument propre », et un prélèvement fiscal non permanent.
Le débat sur le financement de l’action pour le climat est désormais engagé. Il ne porte que secondairement sur les montants en jeu. Ce qui fait question, ce sont d’abord les moteurs de la transformation qui s’annonce, la nature du soutien public et les conditions de financement des dépenses publiques qui vont être consacrées à la transition climatique.
Nul ne doute plus de ce que le verdissement de l’économie aura le caractère d’une révolution industrielle. Mais, au contraire de celles du passé, cette révolution-là sera guidée par les politiques publiques. Peu importe, en fait, que celles-ci passent par la tarification du carbone, les subventions ou la réglementation.
Dans un premier temps, en tout cas, le fait déclencheur des investissements sera une intervention publique. A terme, l’économie verte se révélera peut-être plus efficace que l’économie brune et finira, dans certains domaines, par s’imposer en l’absence de toute politique publique. C’est même ce qu’il faut viser : la décarbonation ne sera irréversible que lorsqu’elle ne sera plus dépendante d’un soutien public.
Mais nous n’en sommes pas là : même si l’électricité renouvelable est en train de devenir moins coûteuse que l’électricité fossile, ce n’est toujours pas vrai si l’on raisonne en coût complet, en tenant compte de la nécessité, pour pallier l’intermittence, de doubler les capacités renouvelables par des capacités fossiles. Tant que ce handicap n’aura pas été éliminé, une action publique demeurera indispensable.
Cette action peut, bien entendu, prendre plusieurs formes. Comme l’a confirmé une conférence du Peterson Institute de Washington des 5 et 6 juin, les approches diffèrent considérablement entre l’Europe, qui mise sur la réglementation et la tarification du carbone, et les Etats-Unis, qui jouent principalement sur les subventions. Cela pose d’ailleurs de redoutables problèmes de compatibilité entre ces stratégies.
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