Pour des États généraux-du paysage ?
Dans une tribune au « Monde », le Collège des enseignants des écoles supérieures de paysage alerte les pouvoirs publics sur la forte dégradation des conditions dans lesquelles les professionnels de ce secteur sont aujourd’hui formés.Cela d’autant plus que par exemple la mode des éoliennes a souvent pris le pas sur la beauté et la cohérence NDLR
La loi « sur la protection et la mise en valeur des paysages », premier texte législatif dédié à la qualité des paysages ordinaires – et non plus des seuls sites remarquables – a 30 ans. A l’heure où l’on célèbre cet anniversaire, les conditions dans lesquelles les professionnels du paysage et du projet de paysage sont aujourd’hui formés se trouvent pourtant fortement dégradées.
La situation est d’autant plus alarmante qu’elle s’inscrit dans un contexte de bouleversements écologiques, climatiques et sociaux à propos desquels ces professionnels ont démontré au cours des dernières décennies, en lien étroit avec les acteurs locaux, leur capacité d’innovation. Ils ont ainsi contribué à formuler des réponses locales intégrant les spécificités écologiques, sociales et culturelles des territoires, mais aussi la dimension sensible du rapport des populations à leurs milieux de vie.
Afin de mettre en œuvre des réponses rapides et coordonnées, le Collège des enseignants des écoles supérieures de paysage (CEESP) en appelle à des Etats généraux de l’enseignement du paysage rassemblant l’ensemble des acteurs concernés : ministères, collectivités et institutions territoriales, associations professionnelles, enseignants et chercheurs.
L’enseignement du paysage et du projet de paysage ne se porte pas bien en France. Formations et établissements sont depuis trop longtemps soumis à rude épreuve, fragilisés qu’ils sont par les mêmes processus : autonomie pédagogique remise en question, non-accès à la décision et perte de visibilité en lien avec des regroupements et/ou des changements de gouvernance, diminution des moyens financiers, absence de recrutement et/ou de reconduction de postes, précarisation accrue, faiblesse structurelle de la formation continue, etc.
Cette fragilisation est largement accentuée par une dispersion inhérente à la diversité des tutelles ministérielles impliquées dans la formation des paysagistes et dans la gestion des établissements les accueillant. Au nombre de cinq, ces établissements relèvent de trois ministères distincts – ceux en charge de l’agriculture, de la culture, de l’enseignement supérieur et de la recherche –, aux intérêts souvent divergents.
Quant aux politiques publiques du paysage, elles sont portées par un quatrième ministère, celui en charge de la transition écologique qui, depuis 2016, maîtrise la délivrance du titre de paysagiste-concepteur, octroyé de droit aux diplômés de niveau master de ces cinq établissements.
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