La révolte des Casserole va continuer (Frédéric Souillot, FO)
Pour le leader de Force ouvrière, la révolte des casseroles va continuer après la grande manifestation du 1er mai. Interview dans le JDD.
Ce 1er-Mai pourrait rassembler près de 600 000 personnes. Pourquoi une tel niveau de participation ?
Cette fête des travailleurs se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique. La réforme des retraites et le recul des droits décidé par l’exécutif ne passent toujours pas : 70 % des Français disent qu’il faut continuer à manifester et 94 % sont opposés aux 65 ans. En expliquant encore que travailler plus longtemps est nécessaire, Emmanuel Macron balaie d’un revers de la main les millions de personnes qui n’y croient pas. Tout comme il a balayé les valeurs de la République en recourant au 49-3, au vote bloqué etc. Plus que l’incompréhension vis-à-vis de la réforme, c’est le mépris du Président qui mobilise. Ce 1er-Mai ne sonne pas la fin du mouvement.
Le texte a été adopté, puis validé par le Conseil constitutionnel. N’est-ce pas un coup pour rien ?
Manifester lors de la Journée internationale des travailleurs, ça n’est jamais un coup pour rien ! Réécoutez les déclarations de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin avant le 1er mai 2006, en plein conflit sur le contrat première embauche, ou celles d’Emmanuel Macron en juin 2020 sur la création d’un système universel de retraite : vous verrez bien que des lois ont beau avoir été votées, elles n’ont jamais été appliquées. C’est quand les musiciens rangent leurs instruments que le bal est vraiment terminé. Nous continuerons à nous mobiliser pour faire reculer le gouvernement. Ça n’est pas un coup d’épée dans l’eau.
Redoutez-vous des débordements ?
La colère est légitime, la violence non. Depuis le 19 janvier, elle n’est pas venue des cortèges syndicaux. Les militants sont en colère. Pas violents. Regardez les casserolades ! Ça s’appelle de la contestation. Pas autrement.
L’unité syndicale est-elle terminée ?
Elle n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous. Nos communiqués mentionnent nos logos, pas nos photos. Même si la direction de certaines organisations change, la ligne contre la réforme des retraites reste identique.
Le Conseil constitutionnel se prononce le 3 mai sur le référendum d’initiative partagée. Y êtes-vous favorable ?
Il avait été mis en place sous Nicolas Sarkozy et n’a jamais été utilisé. Il ne suspend pas l’application de la réforme. Si le RIP est validé par le Conseil constitutionnel, on donnera un coup de main pour constituer le corps électoral, mais les mobilisations se poursuivront. Pour tous ceux qui seront partis plus tard, que fera-t-on puisqu’une loi n’est jamais rétroactive ? Le RIP n’est pas l’alpha et l’oméga de la bataille : c’est la non-application de la loi sur les retraites.
L’unité syndicale n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous
Participerez-vous aux concertations sur le pacte de la vie au travail ?
Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je n’ai reçu ni convocation ni information au-delà de ce que j’ai vu dans les médias. Mardi matin, nous en discuterons dans le cadre de l’intersyndicale, tant sur notre participation que sur les sujets à porter ensemble : pouvoir d’achat, hausse des salaires, dégel du point d’indice…
Croyez-vous à la volonté d’écoute du gouvernement ?
Si elle existait, il nous aurait entendus en juillet, puis en octobre et en janvier dernier. Après les élections législatives, Emmanuel Macron nous a fait le coup du « je vous ai compris » du général de Gaulle. Pourquoi, un an plus tard, nous écouterait-il alors qu’il reste sourd aux revendications des millions de Français dans la rue depuis quatre mois ?
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