Electricité: pour un vrai service public
Des économistes, mais aussi des politiques et des représentants d’associations et de la société civile, parmi lesquels Anne Debrégeas, Thomas Piketty et Laurence Scialom appellent, dans une tribune au « Monde », au maintien de tarifs stables et équitables de l’électricité pour tous les consommateurs et souhaitent l’ouverture d’un grand débat européen sur le sujet.
Depuis un an et demi, l’envolée spectaculaire des prix de l’électricité a provoqué une crise économique et sociale majeure entraînant faillites d’entreprises, baisses de production industrielle, risques de délocalisation, menace sur les emplois, coupes budgétaires pour les collectivités locales, frein aux investissements, alimentation de l’inflation.
Cette flambée des prix n’est pas liée à une explosion des coûts de production de l’électricité en France, mais au mode de fixation du prix de marché « de gros européen » qui se répercute sur les factures des consommateurs. Celui-ci est déterminé par le coût de fonctionnement de la centrale la plus chère sur le réseau européen interconnecté, en général une centrale à gaz.
Avant la libéralisation du secteur, tous les consommateurs français (ménages, entreprises, communes) avaient accès à un tarif réglementé basé sur les coûts de l’électricité en France, très stables et faiblement impactés par l’évolution des cours mondiaux des combustibles fossiles.
L’ouverture à la concurrence de l’électricité est donc bien responsable de cette crise majeure, apogée d’une succession de dysfonctionnements qui ont jalonné l’histoire d’un marché par nature profondément instable : lorsque les prix, très volatils, plongent au-dessous du coût de production, comme il y a une dizaine d’années, les producteurs sont en difficulté. Quand ils s’envolent, comme ces derniers mois, les consommateurs trinquent. La France doit garantir son service public de l’électricité.
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