Retraites : Macron doit arrêter les provocations ( Laurent Berger)
Sur France Inter, ce jeudi matin, Laurent Berger a commenté visite d’Emmanuel Macron en Alsace et ses provocations et ses phrases maladroites .
«Quand on entend, il faut écouter. Et je crois qu’hier, le président de la République, n’a pas écouté. Il a dit que ce ne sont pas les casseroles qui gouvernent… Mais arrêtez la provocation» face aux opposants à la réforme des retraites, a rétorqué Laurent Berger. «Ce qui s’exprime derrière les bruits de casserole, c’est la réalité du monde du travail», a-t-il analysé, appelant l’exécutif à entendre les difficultés des salariés qui ne peuvent continuer jusqu’à 64 ans. «La démocratie ne se résume pas à être élu une fois, puis à faire ce qu’on veut», a également déclaré le patron de la CFDT.
L’intersyndicale compte donc sur le 1er mai pour faire pression sur le gouvernement sur le dossier des retraites, mais pas seulement : «Il y aura d’autres sujets, en termes de salaires, de conditions de travail», a noté Laurent Berger. Après cette date, la CFDT ira rencontrer l’exécutif afin de mettre ces thématiques sur la table, a ajouté le secrétaire général, souhaitant «faire [son] travail de syndicaliste». «Je ne sais pas si c’est à l’Élysée que ça devrait se passer [...]. On ne veut pas arriver dans une réunion où on nous dit, “voilà, c’est ça le projet” [...]. La méthode, c’est que quand il y a des propositions qui sont mises sur la table par les organisations, on veut qu’il y ait débat» dessus, a-t-il mis en garde.
Le conflit social autour des retraites pourrait d’ailleurs servir aux syndicats, leur permettant d’obtenir des conditions plus avantageuses sur les autres sujets : «C’est pas une contrepartie, mais clairement, aujourd’hui, ce ne sera pas comme hier [...]. Oui, tout va coûter un peu plus cher, c’est une évidence», a grondé le représentant.
Le représentant syndical s’est aussi élevé contre la vision de la démocratie sociale portée par Emmanuel Macron, accusant l’exécutif de céder à la tentation «d’abaisser, d’amoindrir le rôle des syndicats». Une stratégie tenue en échec par le mouvement social mobilisé depuis janvier : «Le syndicalisme est de retour, Monsieur le Président. On est là, et il va falloir faire avec», a-t-il lancé, à l’adresse du chef de l’État. Les relations personnelles entre les deux hommes restent par ailleurs glaciales : si le locataire de l’Élysée a dit avoir de «l’amitié» pour Laurent Berger, ce dernier lui a décoché une flèche, ce jeudi matin. «J’ai beaucoup d’amis qui m’ont écrit, hier. Mais pas le président de la République», a-t-il lâché. Et d’ajouter : «Vous me demandez si c’est un ami, je vous réponds non».
Enfin Laurent Berger dont le départ est prévu le 21 juin a réitérer son refus de s’engager en politique dans les années qui viennent. «Je ne ferai pas de politique, point final», a-t-il juré.
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