Le massacre de la politique énergétique
Qu’est-ce que révèle une commission d’enquête du parlement ?
L’effarant cocktail d’ignorance, de je-m’en-foutisme, de cynisme, de lâcheté, de paresse, de militantisme, de manichéisme, de naïveté, de démagogie qui a décidé de notre politique énergétique. Oui, cela fait beaucoup, mais hélas, on en est là, avec des ingrédients dosés différemment selon les acteurs politiques de l’affaire. Accablant.( papier dans l’Opinion)
Ou alors, une amnésie collective.
Ségolène Royal ne se souvient pas avoir soutenu l’idée qu’il était possible de fermer tous les réacteurs en 40 ans. Nicolas Hulot ne se souvient pas avoir lu un rapport secret défense qui urgeait de construire six réacteurs avant la catastrophe. Dominique Voynet ne se souvient pas comment fonctionnait Superphénix qu’elle a fait fermer. Gros trous de mémoire.
L’impression d’un ahurissant bricolage.
Le plan de fermeture des centrales, par exemple. Ça ne reposait sur rien, aucune raison, si ce n’est un accord électoral conclu par François Hollande avec les Verts en 2012. On fermera 24 réacteurs sur 58. Ça aurait pu être 20 comme 40. Il faut écouter Arnaud Montebourg, qui fut ministre du redressement productif raconter cet accord « de coin de table ». Rien, absolument rien, n’avait été prévu, étudié.
Quid du dogme de la limite de 50 % de nucléaire dans le mix électrique ?
Fantasque. Manuel Valls avoue : « Ce n’était le résultat d’aucune étude d’impact ». 50%, ça faisait joli. Faut pas chercher le moindre argument technique. Nos politiques ont joué au bonneteau un des éléments les plus cruciaux de l’équilibre de notre pays.
Tous les scénarios semblent, comme ça, bâtis sur du sable.
Il faut écouter les ministres de la transition écologique de la période 2019-2022, Elisabeth Borne puis Barbara Pompili, parler du scénario RTE promouvant un mix 100% renouvelable. Elles savaient que c’était du pipeau, mais il fallait rabattre leur caquet aux partisans du nucléaire. C’est ça, la justification, rien de plus. L’intérêt national sacrifié pour un « nananère » de cour de récré.
La fermeture de Fessenheim ?
Pareil. Après nous avoir bien répété que c’était une question de sécurité, Elisabeth Borne avoue aujourd’hui qu’en fait, EDF n’a pas proposé d’autre centrale à fermer. Je traduis : ça aurait pu être n’importe laquelle, il fallait faire un exemple. Après moi le déluge.
Pas un pour rattraper l’autre ?
Ils sont quelques uns, des spécialistes, des ingénieurs, qui ont alerté sur le saccage. Comme Hervé Machenaud, ex-directeur exécutif d’EDF, qui a pointé l’impasse des scénarios à faible part de nucléaire. On leur a ri au nez. Pensez-donc, spécialiste, ça rime avec lobbyiste.
« L’influence politique de l’écologie antinucléaire a investi l’appareil d’Etat à tous les niveaux… C’est un miracle qu’on ait réussi à maintenir un parc nucléaire avec une telle efficacité dans un contexte politique qui se détériore de jour en jour depuis 40 ans. » C’est sa conclusion amère. On est au-delà des mots. Cette commission donne envie de hurler de désespoir.
La politique, ça ne peut pas être que la recherche de places et de sinécures. Cela nécessite parfois de s’abstraire de son propre intérêt, au profit de l’intérêt général. L’histoire jugera que cela n’a pas été le cas sur le nucléaire, et à la lumière de cette Commission d’enquête, ce jugement sera extrêmement cruel.
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