Economie: Pourquoi La mort des ports français

Economie: Pourquoi La mort des ports français ?

Par Emmanuelle Ducros dans l’Opinion

Une analyse très partielle et très orientée de la dégénérescence des ports français. On oublie par exemple le contexte économique et la situation du commerce extérieur de la France. Le pays se caractérise par un déficit chronique des ces échanges. Il y a bien davantage de biens qui proviennent de l’étranger que l’inverse. Or ce sont les chargeurs(expéditeurs) qui imposent le choix du port. La seconde observation, c’est que la France n’a jamais été capable de choisir clairement les ports prioritaires en France. Il y a sans doute la place pour deux seulement grands port internationaux indiscutables alors qu’on a saupoudré les investissements sur 7 ports. Il y a aussi un problème de qualité et de compétitivité insuffisantes dans les ports qui devrait interroger sur leur gestion et leur administration. Du coup par exemple, l’interland ( zone dinflence et de desserte) d’Anvers ou de Rotterdam va jusqu’à Lyon. Bien sûr il y a le problème récurrent des dockers mais cela n’explique pas tout NDLR

Cette semaine, dans les principaux ports de marchandises de France, une grève a été déclarée pour 72 heures. Plus d’activité du mardi au jeudi soir, ce sont des actions de protestation contre la réforme des retraites. Ces opérations qui s’appellent « ports morts » sont devenues de la routine depuis le début conflit social, elles s’intensifient.

Et elles portent bien leur nom, pas seulement pour ce qui se passe dans le cadre de ce conflit social… Port mort aussi pour le mal que cela fait aux ports français. La France compte sept grands ports maritimes (Dunkerque, le Havre, Rouen, Nantes, Saint-Nazaire, la Rochelle, Bordeaux, Marseille). Ils ont petit à petit disparu des classements mondiaux et même européens. Dans un monde dominé par les ports asiatiques, Rotterdam, Anvers, Hambourg, Brême, Valence, eux, s’en tirent mieux.

Un seul port français figure dans le top 100 mondial du trafic de containers, c’est celui du Havre, au 68e rang. C’est quand même dommage pour un pays qui compte 1 000 km de littoral, une histoire dense de la marine marchande et qui a le deuxième domaine maritime au monde.

Comment explique-t-on cela ? Un indice : la banque mondiale tient un classement des 370 infrastructures portuaires dans le monde en fonction du temps de chargement et de déchargement des navires.

Les ports français brillent par leur inefficacité. Le port de Bordeaux figure à la 228e place, celui du Havre à la 292e, Marseille à la 315e. Nos ports ont été sous-investis, pendant longtemps, ils sont vieillots et puis il sont bloqués à chaque conflit, les clients maltraités sont allé voir ailleurs. C’est dur à rattraper, une route maritime qui se détourne, les chaînes logistiques ça ne se change pas en un clin d’œil

On avait tenté de redresser la barre. Il y avait eu de gros efforts, notamment un plan d’investissement en 2018. Ça allait mieux, au sortir du Covid, nos ports avaient repris du poil de la bête. En 2021, ils avaient enregistré des fortes croissances. Notamment le port du Havre (HAROPA), 25% d’activité en plus. Il avait beaucoup investi dans ses infrastructures, ça payait. Mais patatras, guerre en Ukraine et maintenant mouvements sociaux, une belle occasion sabotée.

Autant vous dire que, quand le trafic connaît déjà des à-coups à cause de la situation internationale, les grèves, les blocages en plus, c’est dévastateur. Ce sont des clients qui s’en vont et qui ne reviennent pas.

La grève des dockers, une passion française. Surtout dans un monde portuaire où la CGT est en position dominante. La propension française à la grève portuaire explique une bonne part de nos déboires, de la difficulté à moderniser, à décarboner, à la manutention aléatoire. Tout est sujet à conflit. Ce n’est pas simplement une vue de l’esprit ou un dénigrement gratuit de la lutte sociale. Ça fait partie de la réputation mondiale des ports français, ils ont le piquet de grève facile.
Une enquête réalisée il y a deux ans par le très intéressant Journal de la marine marchande qui raconte comment ça se passe ailleurs, dans les ports concurrents. Des grèves, il y en a dans les ports belges. Aux Pays-bas, elles sont circonscrites aux revendications au sein d’une entreprise. En Allemagne, la grève politique dans les ports est interdite, elle n’est autorisée que pour ce qui concerne strictement le travail des dockers. En Espagne, les grèves se font rares depuis 2017 et une réforme des procédures d’embauche des dockers…

Le résultat de tout ça, c’est le gâchis de nos atouts. Un container sur deux destiné à la France transite… par un autre port européen !

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