Quel nouveau contrat social ?
par Jean-François Chantaraud, expert, Directeur de l’Odissée de dans la Tribune
Un article intéressant en forme d’invite à réformer totalement la démocratie pour rendre les citoyens acteurs de la société. Au-delà des formes organisationnelles et du fonctionnement, se pose une évolution des mentalités qui doit sans doute commencer à l’école NDLR
En butte à un faisceau de contraintes intriquées, la société glisse dans la tourmente et ses dirigeants dans l’impuissance. Surmonter la complexité parait impossible sans l’engagement de toutes les énergies et de toutes les intelligences. Le temps d’une grande initiative démocratique et républicaine arrive.
Dérèglement climatique, pollutions, chute de la biodiversité, épuisement des matières premières, affaissement énergétique, dette publique, pandémies… : les mutations constituent remettent en question nos modes de vie. Cette transition globale appelle de nombreuses nouvelles réponses. Enchevêtrées et contraignantes, leur acceptabilité sociale reste aléatoire alors que leur coût économique est certain.
De plus, la puissance du flux de l’information immédiate trouble les perceptions et alimente la défiance envers les lieux de pouvoirs et de savoirs (montée de l’abstention, des violences, de la délinquance, émergence des gilets jaunes, bonnets rouges, stylos rouges, …). Chaque rumeur et fausse information concourt au délitement du lien social.
Aussi, il nous faut refonder l’implication de la diversité des acteurs dans la communauté de destin, les engager dans la recherche d’un accomplissement collectif harmonieux et performant. Autrement dit, la grande question pour tout dirigeant est : Comment développer mobiliser l’intelligence de tous au bénéfice de l’intérêt général ?
Intensifier la responsabilité intellectuelle dans tous les recoins de la société implique le réancrage des valeurs républicaines dans un projet démocratique renouvelé en cinq dimensions :
Comment – Nouveaux processus de découverte collective de solutions : la participation de tous à la réflexion collective doit permettre à chacun de tout dire et de tout entendre. Embrasser la complexité n’induit pas que tout le monde comprenne tout sur tous les sujets, mais que chaque personne puisse contribuer facilement à la régénération régulière du respect de tous les faits, toutes les idées et toutes les personnes.
Quoi ? – Un double objectif : pour perdurer, l’échange doit bien sûr contribuer au sentiment partagé d’un mieux-faire et d’un mieux-être collectif à travers la production de solutions réalistes et visibles de tous. Mais il doit aussi produire une lecture partagée des orientations collectives à long terme afin que chacun puisse mieux les conjuguer avec ses projets personnels.
Où ? – Nouvelles pratiques relationnelles : l’émergence d’un tel niveau de responsabilité intellectuelle n’est envisageable que si tous les compartiments de nos vies professionnelles, personnelles et sociétales y sont immergés. La participation doit être organisée dans toutes les sphères, au sein de toutes les organisations et à tous les étages hiérarchiques.
Quand ? – Récurrence à fréquence élevée : l’entretien du lien social exige de le vivre lors de séances fréquentes. Au point que devienne une habitude, et même un réflexe, l’assemblage constructive des risques et opportunités perçus, ainsi que l’évaluation bienveillante des initiatives et projets, qu’elle qu’en soit l’origine.
Qui ? – Inclusion de la diversité des acteurs et de leurs informations : articuler de nouvelles interactions suppose de réajuster les rôles de tous, en lien avec les décideurs et les porteurs d’expertises. Chacun doit être inclus, à sa place dans un même processus global : l’État et ses agents, parlementaires, élus locaux, électeurs, contribuables, usagers et citoyens, les corps intermédiaires avec leurs instances, leurs adhérents et les publics qu’ils représentent, l’entreprise et ses salariés, actionnaires, clients, consommateurs et fournisseurs.
Il s’agit donc d’augmenter la qualité des relations humaines, des concertations sociales, de la disputatio politique, économique et sociale. Réussir l’instauration de cette démocratie augmentée dans la société suppose de procéder à la refonte des processus de débat public, social, professionnel et même privé.
En pratique, la démarche consiste à déployer, en local interconnecté, thème après thème, l’outillage du dialogue socratique. Ainsi, pas à pas, cette Fabrique du débat projettera chaque partie prenante de chaque organisation, c’est-à-dire chaque personne, dans la recherche de solutions au bénéfice de tous.
Dans un premier temps, le lancement d’une telle grande mécanique consiste à réunir le premier cercle des dirigeants syndicaux, associatifs, politiques, économiques et médiatiques, de ce qui deviendra l’ecclésia catholicos – l’assemblée universelle des citoyens. De proche en proche, chacun selon sa légitimité et à son rythme, les plus volontaires impliqueront leurs propres réseaux, antennes territoriales et relais thématiques, leurs composantes internes et leurs parties prenantes externes. L’engagement progressif du plus grand nombre dans une même dialectique collective permettra d’instaurer peu à peu des relations humaines et sociales pacifiées et accélératrices d’imagination fertile. Cette dynamique contribuera à réduire les fractures sociales : elle constituera la clé de la réussite de la transition globale dans laquelle nous sommes embarqués malgré nous.
Citoyens responsables : unissez-vous pour refonder le contrat social !
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