Gestion de l’eau: Un manque de transparence

Gestion de l’eau: Un manque de transparence

Par Alors que le gouvernement a annoncé un prochain « plan eau » pour faire face à la sécheresse, la juriste et administratrice de France Nature Environnement alerte, dans une tribune au « Monde », sur le manque de transparence autour de la gestion de l’eau.

par Florence Denier-Pasquier (France Nature Environnement) dans le Monde.

La France manque d’eau. C’est ce que la sécheresse sévère des derniers mois révèle à beaucoup de Français. Au sortir de cet hiver, nous avons 25 % de précipitations en moins, des sols trop secs pour la saison et de nombreuses nappes souterraines insuffisamment rechargées…

Pour les associations membres du mouvement France Nature Environnement qui suivent les enjeux du partage de l’eau à l’échelle des bassins versants, et pour de nombreux scientifiques qui nous alertent depuis deux décennies, ce n’est pourtant pas une surprise. Une étude du ministère de l’écologie publiée en juin 2022 a d’ailleurs montré que la ressource en eau renouvelable a déjà baissé de 14 % ces deux dernières décennies par rapport aux dix années précédentes !

Tous les usages de l’eau, interdépendants sur un territoire, sont touchés. Les milieux naturels souffrent déjà énormément de notre inadaptation collective, comme en témoignent les nombreux cours d’eau asséchés. C’est tout le cycle de l’eau qui est bouleversé. Les effets du changement climatique s’ajoutent à des décennies de forte augmentation des prélèvements, d’aménagements hydrauliques néfastes, de destruction des zones humides, d’arasement de talus et de haies, d’artificialisation et d’activités agricoles délétères pour les sols : autant de pratiques qui ont dégradé et altéré durablement leur potentiel d’infiltration de l’eau.

Or, ce sont ces mêmes milieux qui dépolluent nos rejets « traités » et régulent les écoulements. Nous sommes dans une spirale négative dont il est urgent de sortir.

Ces défis croisés avaient pourtant été bien identifiés lors des Assises de l’eau de 2019. Leur feuille de route fixait alors des objectifs clairs de sobriété : réduire les prélèvements de 10 % en 2024 et de 25 % en 2034.

A un an de la première échéance, nous en sommes très loin, hélas. En un sens, cette sécheresse est un rappel cruel mais utile : nous devons sortir du déni, et il est urgent que le prochain plan eau tienne enfin ces objectifs et organise vraiment cette réduction de l’ensemble des prélèvements, en commençant par les plus gros consommateurs.

Mais mieux économiser l’eau, mieux la partager avec justesse et justice suppose d’abord de bien connaître les usages existants. Or, les retours d’expérience des territoires déjà engagés dans une stratégie concertée de partage de l’eau (dans les projets de territoire pour la gestion de l’eau) montrent que nous sommes loin du compte.

Ainsi, nous ne disposons pas aujourd’hui de données indispensables pour une gestion équilibrée de l’eau, comme la quantité totale des prélèvements et les stratégies d’irrigation agricole. Or, il s’agit d’un enjeu fondamental : pour une gouvernance juste et durable de l’eau, nous avons besoin de mieux connaître tous les prélèvements – domestiques et non domestiques – et d’étudier leurs évolutions et leurs interactions.

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