Sécheresse :nouvelles crises et nouvelles restrictions en 2023
Des températures douces voire chaudes, plus de 30 jours sans vraie pluie.
Entre le 21 janvier et le 21 février, la métropole n’a pas connu de véritable pluie – le cumul des précipitations agrégé étant quotidiennement inférieur à 1 mm, soit pendant 32 jours, la plus longue période «depuis le début des mesures en 1959», avait annoncé mercredi Météo-France. «Je n’ai pas de difficulté à expliquer aux préfets qu’il faut être alarmé», a Christophe Béchu. Dans trois régions, «Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et région sud», a indiqué le ministre, «le niveau d’humidité des sols correspond à celui observé normalement fin mai».
L’ensemble des départements français est en dessous de la normale d’humidité des sols, a ajouté le ministre. Lequel a également souhaité disposer d’un «observatoire en direct des communes qui sont privées pour tout ou partie d’eau potable». À l’heure actuelle, quatre départements sont déjà en alerte renforcée : l’Ain, l’Isère, les Bouches-du-Rhône et les Pyrénées-Orientales. Un chiffre qui va inévitablement grimper, a prévenu Christophe Béchu. Après ces premiers échanges avec les préfets coordonnant les principaux bassins, le ministre rencontrera l’ensemble des préfets de France le 6 mars.
« C’est une bombe à retardement si les nappes phréatiques ne sont pas rechargées d’ici le mois d’avril », alerte samedi 18 février sur franceinfo Serge Zaka, consultant et docteur en agroclimatologie, alors que les Pyrénées-Orientales et la majorité du Var subissent déjà des restrictions d’usage de l’eau.
Quelle est la particularité de la situation ?
Serge Zaka : Cette année, la situation est très particulière. On a comme une prolongation de la sécheresse de 2022. Sur l’ensemble de l’année, sur l’ensemble de la France, on a eu -24% de précipitations, ce qui est extrêmement conséquent. Mais le record, c’est -25 en 1989. La problématique, c’est le niveau des nappes phréatiques. Si les deux premiers mètres des sols agricoles étaient gorgés d’eaux, on n’aurait jamais parlé de cette sécheresse de février. Elle est déjà arrivée. On a déjà eu des périodes sèches en février, alors certes, on est au niveau des records, mais c’est déjà arrivé d’avoir des févriers secs. Mais la problématique c’est que depuis août 2021, on a 14 mois qui ont été déficitaires au niveau des précipitations sur la France et on a une récurrence de ces faibles précipitations. C’est pour ça qu’en février 2023 on parle beaucoup de ce manque d’eau et qu’on a des craintes qui s’accumulent pour l’été 2023.
Quel est le niveau des nappes phréatiques ?
Il faut savoir que les trois quarts des nappes phréatiques françaises sont soit au niveau des normes, soit en-dessous du niveau auquel elles devraient être au mois de février. Et on a 25% des nappes qui sont à des niveaux très bas par rapports à la mi-février. Or, les nappes phréatiques garantissent de passer l’été sereinement. C’est comme une bombe à retardement : si les nappes phréatiques ne sont pas rechargées d’ici le mois d’avril, il risque progressivement de ne plus y avoir d’eau du tout et donc des restrictions en été. Il ne reste que quelques semaines pour recharger les nappes. À partir du moment où les bourgeons des végétaux s’ouvrent, l’essentiel de l’eau qui tombe sur le sol va être utilisé par les racines des végétaux. Et donc très peu d’eau va s’infiltrer jusqu’aux nappes phréatiques.
Cette situation peut-elle s’améliorer ?
Le mois de février restera déficitaire d’au moins 50% environ. Et pour le mois de mars, il est possible que ce ne soit pas à la hauteur des espérances. De toute façon, pour qu’il soit à la hauteur des espérances, il faut qu’il tombe tellement de pluie que toute la France serait inondée.
Quelles peuvent être les conséquences ?
D’abord, on va avoir l’eau contenue sur les deux premiers mètres du sol qui va très rapidement diminuer et engendrer des problèmes agricoles, des écosystèmes et éventuellement des problèmes de feu de forêt précoces. Ensuite, dès la moitié du printemps, voire la fin du printemps, il n’y aura plus suffisamment d’eau dans les sols agricoles. Donc il va falloir puiser dans les nappes phréatiques pour pouvoir irriguer puisqu’il n’y aura plus d’eau en surface. Et c’est là où on va avoir une sécheresse qui va rapidement apparaître puisque les nappes ne pourront pas supporter la demande de ce qu’on a besoin en surface, vu qu’il n’y aura plus d’eau dans les sols agricoles.
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