Retraite par capitalisation: la solution miracle !!!
Un peu partout dans les médias, surtout ultra libéraux , on voit émerger des papiers en forme de plébiscite pour la retraite par capitalisation. L’appétit pour cette sorte de solution miracle est largement aiguisée par la perspective des 350 milliards que représente annuellement le budget retraite. Pour faire avaler la pilule, on présente la solution capitalisation comme un instrument collectif et en plus favorables aux plus pauvres. Le seul problème, c’est que les salaires sont déjà tellement bas que ceux qui sont les moins privilégiées ne pourront jamais consacrer une somme suffisante pour parvenir à une retraite suffisante par capitalisation même partielle. Les complémentaires retraites ne sont pas en effet des philanthropes. Sans parler évidemment des dangers de la volatilité des produits financiers sur lesquels seraient fondées la retraite par capitalisation Comble d’hypocrisie, on prévoit la garantie de l’État en cas de faillite des sociétés d’assurances retraite. Bref les profits financiers au privé quand la Bourse va bien et les déficits à l’Etat quand c’est l’inverse
un papier de l’Opinion sur le sujet intitulé la capitalisation, la solution (… Finale ? NDLR)
Le développement de la retraite par capitalisation collective n’est presque jamais évoqué en France. Notre journaliste Raphaël Legendre détaille son fonctionnement et explique les raisons d’un tabou bien français
Comment fonctionne le système de retraite par capitalisation ?
La retraite par répartition, c’est prendre de l’argent dans la poche des actifs pour financer directement les pensions des retraités. Le problème c’est qu’au fur et à mesure que le nombre de retraités augmente et augmente plus vite que le nombre d’actifs, le poids sur le pouvoir d’achat des actifs est de plus en plus lourd à porter.
Alors pour lever un peu de ce poids sur les épaules des actifs, on peut faire de la retraite par capitalisation. Ce sont les actifs qui épargnent eux-mêmes en vue de tirer une rente pour leur retraite.
Le grand débat qui devrait s’ouvrir et qui est absent aujourd’hui à l’Assemblée, c’est celui d’une capitalisation collective puisqu’aujourd’hui, seul un actif sur quatre a les moyens de mettre cette épargne de côté, en l’imposant à l’ensemble des actifs.
Encore une fois, au travers d’une cotisation collective et solidaire. Cela permettrait d’avoir une petite rente supplémentaire, notamment pour les plus modestes.
Pourquoi le sujet est-il tabou en France ?
Il y a deux grands tabous autour de la retraite par capitalisation en France qui sont finalement assez faciles à déconstruire. Le premier : le mythe de la fin de la solidarité intergénérationnelle. Notre système de retraite est issu du Conseil national de la Résistance et permet cette solidarité.
Ce sont les actifs qui payent pour les seniors qui ont aujourd’hui le droit de se reposer. Ces deux arguments sont facilement opposables.
D’abord parce qu’il n’a jamais été question d’abandonner le système de retraite par répartition. Le système par capitalisation ne viendrait qu’en complément d’un système par répartition bien sûr.
Encore une fois, pour ôter un peu du poids des cotisations actuelles sur le coût du travail sur les actifs. Une petite dose de 10, 15 ou 20 % de capitalisation laisserait un régime de 80 à 90 % par répartition.
Et pour répondre aux craintes d’un crash sur les marchés financiers qui viendrait obérer les retraites futures, des solutions existent. D’abord diversifier un maximum les placements entre obligations – pourquoi pas souveraines, très sûres – et actions, voire d’autres segments.
Et puis il existe des systèmes avec des garanties publiques qui font que quoi qu’il en soit, sur le long terme, la retraite par capitalisation est toujours beaucoup plus rentable – en moyenne historique autour des 8 % – que la retraite par répartition dont le rendement est plutôt autour de 2 %.
Certains pays comme la Suisse et les Pays-Bas l’ont adoptée. Est-ce une réussite ?
Oui, on peut le dire, c’est une réussite franche. Aucun des cotisants suisses ou des Pays-Bas ne se plaint de ce système. Ce sont des systèmes qui sont construits de la même manière sur trois piliers.
Le premier, celui d’une retraite minimale assurée par l’Etat qui oscille en général entre 1 000 et 2 000 euros, complétée par une tranche de capitalisation – en fonction des rendements dans chacun des pays.
Et puis un troisième pilier qui est une épargne privée pour compléter sa retraite. Les résultats sont plutôt très, très bons comparé à ce qu’on peut avoir en France.
Prenons l’exemple des Pays-Bas qui dépensent deux fois moins d’argent public que la France pour payer les retraites.
C’est 14 points de PIB d’argent public en France contre 7 % aux Pays-Bas. Alors que les retraites y sont 30 % supérieures au niveau des retraites françaises.
On entend ce chiffre par rapport au taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de pension par rapport au salaire quand on était actifs.
Il est de 30 % supérieur aux Pays-Bas de ce qu’il n’est en France. La solution vaut donc le coup qu’on s’y intéresse !
0 Réponses à “Retraite par capitalisation: la solution miracle”