Réforme des retraites: Critique d’une étude du Crédit Agricole
Le Crédit Agricole vient de publier une synthèse publié dans les « Echos »qui met en exergue les conséquences de cette réforme et évoque les pistes alternatives.
Dans le dernier numéro de Perspectives, revue d’analyse économique et sectorielle du Groupe Crédit Agricole, Pierre Benadjaoud, économiste, souligne certains points qui permettent de recentrer le débat sur des réalités, pas toujours agréables à entendre. Zoom sur 4 points essentiels.
1. Les pensions vont diminuer
Si l’économie n’est pas une science exacte, la démographie en revanche permet de réaliser des prévisions fiables. Les évolutions démographiques et le départ à la retraite des papy-boomers dégradent le rapport entre le nombre de cotisants et de retraités.
Dès lors, constate l’étude du Crédit Agricole, « le niveau des pensions est voué à diminuer relativement aux revenus d’activité » qui souligne également : « Quelles que soient les hypothèses de prévision, le système de retraite serait déficitaire d’ici à 2030, sans qu’il soit néanmoins question de dérive. »
2. Les femmes sont défavorisées
Selon Perspectives, « le cumul de l’allongement de la durée de cotisation et du décalage de l’âge de départ pénalise en particulier les femmes . » Rappelons que les femmes bénéficient de 8 trimestres supplémentaires par enfant : 4 trimestres au titre de la maternité et 4 au titre de l’éducation. Ainsi, nombre d’entre elles peuvent partir à taux plein à 62 ans. Elles devront désormais travailler davantage.
Un constat partagé par l’étude d’impact, souligne l’auteur. « L’âge effectif de départ devrait augmenter de 6 mois en moyenne pour atteindre 64,4 ans pour la génération 1972. Le report de l’âge effectif de départ sera alors plus important pour les femmes (près de 9 mois) que pour les hommes (environ 5 mois). En contrepartie, les pensions des femmes augmenteront plus que celle des hommes (2,2 % de gain à terme, contre 0,9 % pour les hommes). »
Réforme des retraites : avez-vous intérêt à racheter des trimestres manquants ?
Mais surtout, « le report de l’âge légal à 64 ans décale également la surcote dont auraient pu bénéficier les personnes ayant atteint la durée de cotisation requise à 62 ans en continuant à travailler entre 62 et 64 ans dans le système avant réforme. Dans ce cas, la réforme conduit à une baisse du montant des pensions. »
3. Tout le monde ne bénéficiera pas d’une retraite minimale de 1.200 euros
Les salariés n’ayant pas effectué de carrière complète ne seront pas concernés par ce montant. Quid dans ce cas ? « Les 1.200 € seront alors proratisés selon le nombre de trimestres cotisés par rapport à la durée requise (avec en plus une éventuelle décote de 5 % par an en cas de départ en retraite entre 64 et 67 ans, si la durée de cotisation requise n’est pas atteinte) », explique Perspectives qui précise en outre que même à carrière complète, les personnes ayant travaillé à temps partiel ne bénéficieront pas non plus de ce montant et estime que « la formulation de retraite minimale à 1.200 € est en majorité trompeuse. »
4. La hausse des cotisations est une alternative peu efficiente
Si de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une hausse des cotisations plutôt qu’un recul de l’âge de la retraite, cette solution n’est pas satisfaisante sur le plan économique. Selon l’étude du Crédit Agricole, qu’elle pèse sur les cotisations salariales ou sur les cotisations patronales, une augmentation des cotisations aurait un impact négatif sur le salaire et donc le pouvoir d’achat des actifs. Dans le premier cas, elle provoquerait une baisse du revenu des ménages et dans le second une hausse des coûts, négative pour les marges et l’investissement ce qui provoquerait à terme une modération de la croissance des salaires.
« Selon les analyses de la DG Trésor qui a étudié les alternatives à un report de l’âge de départ en retraite, une hausse de cotisations qui aurait le même effet sur le solde financier du système de retraite réduirait le PIB de 0,5 point au bout de dix ans (contre un gain de PIB 0,3 point avec un report de l’âge de départ) ».
En outre, le montant de nos cotisations est déjà supérieur à celui de la plupart des autres pays de l’OCDE.
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