Drogue- Cannabis : Légalisation et banalisation ?

Drogue- Cannabis : Légalisation et banalisation ?

Le Conseil économique et social (Cese) préconise une légalisation encadrée de cette drogue, dans un projet d’avis soumis au vote mardi.
« Il est temps de changer de paradigme », avance Jean-François Naton, membre du Cese et président de la commission ad hoc.(intreview France Info)

La première question qui se pose est de savoir quelle est la légitimité et la compétence du conseil économique et social sur une question qui dépend surtout d’une problématique de santé. Il est vrai que le champ de réflexion du conseil économique et social a été drastiquement réduit par le président de la république. Cela ne justifie cependant pas l’accroissement du champ de responsabilité du CESE . En outre, compte tenu de l’état assez catastrophique du pays, la question se pose de savoir si la légalisation du cannabis est bien la priorité du moment NDLR

En quoi légaliser le cannabis ferait-il avancer les choses ?
Jean-François Naton : Ce n’est pas un scoop de parler de l’échec des politiques menées en matière de lutte contre le cannabis depuis une cinquantaine d’années. Nous sommes quand même le pays d’Europe avec le système répressif le plus abouti, et avec en même temps la consommation la plus en expansion.
« Il est temps de s’interroger sur les limites du système actuel. Nous n’incitons pas du tout à la consommation de cannabis, cela reste une drogue à combattre. Mais à partir d’un moment, il faut savoir changer de méthode quand nous sommes en échec. »

Il convient de sortir du tout répressif et de passer à une dépénalisation de l’usage. Par exemple : un fumeur de cannabis peut être contrôlé positif au volant, alors que sa consommation a eu lieu cinq ou dix jours avant et qu’il n’est plus sous l’emprise du produit. Tout ce système de répression produit un nombre d’injustices très important. Il convient de changer de paradigme

Quelles seraient les conséquences d’une légalisation encadrée ?
Le grand défi est d’assécher le trafic. Cela veut dire que les consommateurs devraient pouvoir avoir en leur possession de quoi consommer. Nous sommes pour arrêter de pénaliser la culture personnelle de cannabis. Cela veut également dire des boutiques, avec un contrôle des pouvoirs publics de la vente de ce produit. En réintroduisant des cultures de cannabis de qualité sur le sol français.


Qu’est-ce qui vous a convaincu, au-delà de l’échec de la répression actuelle
?
Le grand avantage c’est que nous pouvons nous appuyer notre réflexion sur les expériences menées au niveau international, notamment au Canada, dans certains États américains ou au Portugal. Partout où la légalisation s’est mise en œuvre, nous avons constaté des résultats satisfaisants en termes de consommation. C’est tout le paradoxe : quand le cannabis est légalisé, il est moins consommé. Parce qu’il est possible de mettre en place une politique de prévention.

« Plusieurs médecins » ont participé à nos travaux, ils font le même constat que nous : si nous voulons combattre résolument la consommation, notamment chez les plus jeunes pour qui ce produit est nocif, nous devons prendre en compte la réalité.

Concernant le côté addictif des opioïdes, le CBD peut, jouer un rôle moteur dans la réduction de la dépendance chez un individu. En effet, le cannabidiol est connu pour réduire les comportements addictifs et le sentiment de “besoin” chez une personne accro aux opiacés, mais aussi au THC ou encore à l’alcool. NDLR

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