Retraites : le réveil tardif de Bayrou !
Bayrou, le leader centriste, ministre de la planification, demande depuis longtemps du temps pour expliquer la réforme des retraites aux Français. C’est à reculons qu’il fait sortir un papier à la demande de Macon. Bayrou en principe responsable de la planification en France se réveille donc tardivement pour évoquer les enjeux d’une réforme des retraites alors que le gouvernement va déposer son projet dans les jours qui viennent. On aurait évidemment souhaité que le plan se réveille plutôt car en général la problématique doit être évoquée de manière approfondie et large avant la décision.
Le problème, c’est que ce réveil tardif est aussi plein de contradictions puisque Bayrou souligne que l’État contribue largement à l’équilibre des régimes spéciaux et au système de retraite des fonctionnaires alors que ces derniers seront largement épargnés par la réforme. La vérité c’est que Bayrou était très sceptique vis-à-vis du projet prochainement annoncé. Il a dû être mis en demeure par Macron de dramatiser un peu la problématique. Le pouvoir commence en effet à être inquiet par le climat de tension dans l’opinion et même au sein de sa propre majorité. D’où cette injonction à Bayrou de se positionner de manière claire y compris sur le symbole très politique des 65 ans
« Notre système de retraites risque de se voir de plus en plus fragilisé dans son équilibre financier et […] de peser de plus en plus sur la capacité économique du pays et sur son indépendance », prévient donc le président du Modem, François Bayrou, dans une note publiée jeudi par le Haut-Commissariat au Plan qu’il pilote.
L’alerte intervient opportunément à quelques jours de la présentation par le gouvernement d’une réforme de retraites longtemps promise. Celle-ci devrait chercher à relever l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans. La mesure fait cependant l’unanimité contre elle dans le camp des syndicats, où la nécessité même de faire une réforme de ce type pour maintenir le système à l’équilibre est contestée.
Dans sa note, le Haut-Commissariat au Plan se défend de vouloir « interférer avec les concertations et les débats en cours ».Pourtant c’est bien ce qu’il fait tardivement. L’objectif est d’apporter « à l’opinion civique des éléments précis sur la situation actuelle et les perspectives du système de retraites », explique François Bayrou qui s’est opposé en septembre à un passage en force de la réforme dans le budget de la Sécurité sociale.
La note met surtout un constat en avant : les cotisations « sont bien loin de financer la totalité du montant des pensions versées ». Une bonne part du financement des retraites est à la charge du contribuable puisque l’Etat équilibre le système des régimes publics en particulier.
François Bayrou insiste ainsi sur le fait que l’Etat et les collectivités publiques « contribuent substantiellement à l’équilibre des régimes de retraite de la fonction publique d’Etat, des régimes spéciaux, des régimes agricoles, de la fonction publique territoriale et hospitalière ».
Cette addition « substantielle » est estimée à 30 milliards d’euros. Elle s’ajoute aux contributions publiques qui s’imposent logiquement au secteur public (cotisations, financement des exonérations destinées à soutenir l’économie et des mesures de solidarité pour les familles, les pensions minimum etc.). « Globalement notre protection vieillesse est en fait en déficit structurel important », insiste François Bayrou.
Au final, le Haut-Commissariat met en avant un déficit moyen annuel de 2,1 % du PIB dans les prochaines années (plus de 50 milliards d’euros) sans perspective de réforme, au lieu des 0,7 % évoqués jusque-là. Un chiffrage qui risque de faire un peu plus tiquer les syndicats.
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