Biodiversité , enjeu de vie sur terre
Alors que va s’ouvrir la plus grande conférence sur la biodiversité depuis plus de dix ans, le monde a perdu près de 70 % de sa population d’animaux sauvages depuis 1970. Ce que nous pourrons préserver du reste dépendra donc de la COP 15. La conférence des Nations Unies sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal pourrait faire pour la biodiversité ce que l’Accord de Paris a fait pour le climat en 2015, en l’inscrivant résolument à l’ordre du jour des entreprises, des décideurs et des investisseurs. par Par Jenn-Hui Tan (Directeur Monde de l’Investissement Durable de Fidelity International) dans l’Opinion
L’expression sur toutes les lèvres est « nature positive » : l’idée que la véritable valeur économique de la nature doit être prise en compte et que le monde doit aller au-delà de la simple limitation des dommages.
L’un des objectifs de Montréal est ainsi de convenir d’un ensemble de règles et de normes qui encouragent l’allocation de capital en faveur des entreprises et des initiatives qui sont favorables pour la nature, permettant ainsi de contribuer à l’objectif ambitieux d’inverser l’érosion de la biodiversité d’ici 2030 et de restaurer les écosystèmes naturels d’ici 2050.
Défi plus difficile que le réchauffement climatique
C’est plus facile à dire qu’à faire. La mesure de l’étendue de la biodiversité, qui désigne la variété et l’abondance de la vie sur Terre, est un défi encore plus difficile à relever que celui du changement climatique. Les outils d’évaluation disponibles sont également moins développés que dans d’autres domaines du développement durable.
Par exemple, les investisseurs qui souhaitent comparer l’impact climatique de différents projets ou portefeuilles peuvent utiliser une mesure désormais largement adoptée, appelée équivalent CO2, pour évaluer les émissions de différents gaz à effet de serre en utilisant la même échelle.
Il n’existe pas de mesure de référence similaire pour la biodiversité. Si les émissions dans l’atmosphère contribuent au changement climatique quel que soit l’endroit où elles sont produites, les effets des interactions entre l’homme et la nature sont très différents d’un endroit à l’autre. Ce qui est dévastateur dans un endroit peut avoir un impact minime dans un autre.
Que fait le plus de bien à la nature ?
Chaque écosystème possède une combinaison unique de sols, de minéraux, d’eau, de conditions climatiques et d’autres facteurs qui rendent difficile l’élaboration de mesures pouvant être appliquées à grande échelle.
Néanmoins, une norme mondiale de déclaration des impacts sur la biodiversité basée sur plusieurs paramètres complémentaires est possible et constituerait une amélioration considérable des pratiques actuelles. Aujourd’hui, une entreprise peut indiquer le nombre d’hectares de terres qu’elle protège, tandis qu’une autre entreprise du même secteur indique le nombre d’espèces d’arbres qu’elle plante. Il n’est pas facile de déterminer qui fait le plus de bien à la nature.
Obliger des entreprises similaires à partager les mêmes informations, de sorte que les impacts et les effets d’un investissement sur la nature puissent être directement comparés à ceux d’un autre, constituerait un pas important vers le déblocage des financements nécessaires pour faire face à la menace que représente l’érosion de biodiversité.
Risques énormes liés à l’inaction
Il en va de même pour l’alignement des normes au niveau international et, dans la mesure du possible, de l’intégration des nouvelles règles aux normes climatiques existantes afin de réduire les coûts et les frictions. Après tout, il s’agit de la même planète.
Ignorer le problème parce qu’il est complexe n’est pas une option. L’inaction comporte des risques énormes, pour la nature elle-même, mais aussi pour les entreprises et les portefeuilles d’investissement. Il y a les risques physiques – de nombreuses entreprises dépendent de processus naturels, comme la pollinisation des cultures pour l’agriculture.
Soit nous changeons notre mode de vie pour préserver le capital naturel, soit nous l’épuisons et nous devrons de toute façon changer notre mode de vie.
Il y a les risques de transition – les entreprises qui ne se préparent pas pourraient se retrouver du mauvais côté de la nouvelle réglementation visant à mettre fin à la déforestation ou à protéger la nature. Enfin, il existe des risques liés à la réputation et aux litiges pour les entreprises reconnues coupables d’avoir causé des dommages.
La moitié du PIB mondial dépend de la nature En vertu de la législation française, les institutions financières doivent désormais divulguer leurs risques et leurs impacts liés à la biodiversité, parallèlement aux informations similaires sur le climat.
Sur la scène internationale, la Taskforce for Nature-related Financial Disclosures (TNFD), qui s’inspire de la Taskforce for Climate-related Financial Disclosures (TCFD), doit être finalisée en 2023. La déclaration TCFD est déjà obligatoire pour certaines activités au Royaume-Uni et en Suisse et devrait être étendue aux juridictions du monde entier. Il devrait en être de même pour la directive TNFD à terme.
Environ la moitié du PIB mondial dépend modérément ou fortement de la nature, selon le Forum économique mondial. Soit nous changeons notre mode de vie pour préserver le capital naturel, soit nous l’épuisons et nous devrons de toute façon changer notre mode de vie. Donner aux investisseurs des outils comme les bonnes données dont ils ont besoin pour agir sur la biodiversité est une étape importante. Ce travail commence maintenant à Montréal.
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