Finances France : S&P abaisse à «négative» la perspective financière du pays
Une information qui est passée assez inaperçue à savoir la baisse des perspectives financières de la France par l’agence de notation.
Il y a des raisons objectives à l’appréciation de l’agence de notation du fait des graves dérives budgétaires de la France dont le déficit a tout simplement doublé par rapport au produit intérieur brut. En 2021, le déficit public s’établit à 163,3 milliards d’euros, soit 6,5 % du produit intérieur brut (PIB), après 9,0 % en 2020 et 3,1 % en 2019. Les administrations publiques centrales portent l’essentiel du déficit public.Il y a aussi l’évolution de la dette.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a, quant à lui, une vision plus pessimiste que le gouvernement de l’évolution des finances publiques françaises. Dans son dernier Moniteur des finances publiques paru en octobre, l’institution internationale anticipe une augmentation de la dette publique en France au cours des prochaines années. Elle atteindrait ainsi 118,5 % du PIB en 2027. Cette hausse de l’endettement public serait, selon le FMI, le résultat du maintien du déficit public à un niveau proche de 5 % du PIB (contrairement aux prévisions du gouvernement).
Le Haut Conseil des finances publiques a également critiqué les projections du gouvernement dans son avis rendu fin septembre : les prévisions de croissance y sont jugées « optimistes » et fondées « sur des hypothèses très avantageuses ». Le Haut Conseil des finances publiques considère également que « la trajectoire de finances publiques présentée par le gouvernement est peu ambitieuse ».
Vendredi 2 décembre, l’agence de notation SP Global a abaissé la perspective de la France à « négative » contre « stable » précédemment en raison de risques croissants pour les finances publiques et les conséquences budgétaires pouvant en résulter. L’agence de notation a confirmé dans le même temps la note de dette souveraine du pays à « AA/A-1+ ». L’agence de notation Moody’s a de son côté confirmé la note « AA2 » de la France, assortie d’une perspective « stable ».
Pour S&P, la dégradation de la perspective intervient dans un contexte de dette publique déjà importante, d’un risque quant à la mise en œuvre du programme de réformes structurelles, d’un ralentissement économique global et du resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Mais les temps sont durs pour Paris, alors que la crise énergétique coûte cher.
Réformes structurelles. L’avis de S&P n’est pas isolé. « Le désendettement n’est pas une exigence néolibérale ou austéritaire, c’est une protection des Français, donc une nécessité », abondait Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, évoquant un « impératif catégorique ». Plusieurs mesures pourraient être mises en œuvre ce faisant, outre la réforme des retraites, dont certaines pistes ont été avancées par Elisabeth Borne.
« [Il faut] simplifier les régimes de minima sociaux [...], réduire les nombreux doublons avec l’Etat dans les administrations locales et régionales, diminuer ou éliminer les niches fiscales pour les producteurs ou les vendeurs de combustibles fossiles », estimait Jeffrey Franks, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour la France et directeur adjoint du département Europe de l’institution.
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