Ecole : les maths pas à la hauteur des enjeux

Ecole : les maths pas à la hauteur des enjeux

Le ministre de l’éducation revient sur sa décision de supprimer les maths en première après les très nombreuses prises de position sur le faible niveau des maths dans l’enseignement.Les futurs programmes de mathématiques de tronc commun ne sont pas à la hauteur de l’enjeu, qui était de restaurer des « maths pour tous » en 1re, alors que la réforme du lycée avait vu leur suppression, critique, dans une tribune au « Monde », la professeure des universités Nathalie Sayac.

L’enseignement des mathématiques s’inscrit dans une histoire éducative nationale qui a amené cette discipline à occuper une place de plus en plus prépondérante dans le système scolaire français. Les mathématiques sont aujourd’hui souvent perçues comme une discipline qui sélectionne les élèves et s’impose comme un choix incontournable pour la poursuite d’études dans des filières d’excellence.

La réforme du baccalauréat portée par Jean-Michel Blanquer a visé à mettre fin au système des séries mis en place en 1994, qui voyait bon nombre d’élèves choisir la série S, non pas parce qu’ils ou elles souhaitaient entamer des études scientifiques, mais parce que cette série s’était imposée comme « voie royale », permettant l’accès à toutes les poursuites d’études dans l’enseignement supérieur, bien au-delà des filières scientifiques. Ce détournement de la série S a, peu à peu, abouti à la baisse générale du niveau en mathématiques des élèves français, avec de multiples conséquences préjudiciables, tant au niveau scientifique que professionnel. Il fallait faire des maths à tout prix, « quoi qu’il en coûte », selon une formule d’actualité.

La nouvelle organisation des enseignements au lycée mise en place à la rentrée 2018 pour toutes les classes de seconde (un tronc commun d’enseignements, complété par un système de spécialités – trois en première, deux en terminale – et d’options facultatives) a été pensée pour « mieux accompagner les élèves dans la construction de leur projet d’orientation et pour améliorer la réussite dans l’enseignement supérieur ». Elle a impliqué un enseignement des mathématiques à géométrie variable à partir de la première, allant de zéro à trois heures (option mathématiques complémentaires), six heures (spécialité mathématiques) ou neuf heures (spécialité mathématiques + option mathématiques complémentaires).

Cette nouvelle organisation a généré une série de disparités dénoncées par de nombreuses sociétés savantes et d’associations concernées par le sujet : des disparités de genre (des enseignements de spécialités ou d’options moins choisis par les filles), des disparités d’origine sociale (68 % des élèves d’origine sociale très favorisée font des mathématiques en terminale contre seulement 50 % des élèves d’origine sociale défavorisée) et des disparités territoriales dans l’offre de spécialités ou d’options.

Même si les chiffres ne concernent qu’une seule cohorte d’élèves du fait du temps de déploiement de la réforme, ils sont inquiétants et ils imposent un réajustement. Le comité mathématiques mis en place en février, auquel j’ai participé en tant que didacticienne des mathématiques impliquée dans la formation des enseignants, a eu pour mission de s’emparer de ce problème et de proposer des pistes de solutions. Il a produit un rapport, remis le 18 mars, soit au premier jour de la période de réserve électorale en vue de la présidentielle d’avril.

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