Erdogan , Intermédiaire et complice de Poutine
La Turquie qui évidemment n’est pas un État de droit mais une dictature qui s’accommode évidemment du régime politique de Poutine. Même si dans le cadre du conflit actuel Erdogan tente de d’équilibrer ses relations entre la Russie et l’Ukraine; Pour des raisons économiques mais aussi politiques afin de compenser la faiblesse de son audience en interne par une posture internationale plus présentable NDLR
« l’intimité stratégique » du régime d’Erdogan avec les démocraties européennes reste limitée, analyse, dans une tribune au « Monde », Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie.
La Turquie de Recep Tayyip Erdogan peut-elle s’asseoir durablement à la table des démocrates européens ? A la veille du double sommet de Prague qui doit débattre, le 6 octobre, de l’Europe politique, la question peut paraître déplacée. Il semble évident que, dans le contexte sécuritaire entourant l’invasion russe de l’Ukraine, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement ont souhaité dans leur majorité la présence de leur homologue turc. Néanmoins, au-delà d’une invitation de circonstance, cette question se pose crûment.
Le débat sur l’Europe politique, notamment sur la proposition française de Communauté politique européenne – une structure plus large que l’Union européenne (UE) qui n’impliquerait pas nécessairement une adhésion future à celle-ci –, est quasiment inextricable si on veut lui donner une traduction institutionnelle. Inviter le chef de l’Etat turc au sommet politique du 6 octobre (qui doit être suivi, le 7 octobre, d’un Conseil européen informel) obéit certes aux nécessités du moment, mais son implication durable dans un format institutionnel pérenne fondé sur une « intimité stratégique » avec l’UE est un choix bien plus ardu.
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En clair, il s’agit de savoir si un nouveau cadre intergouvernemental distinct de l’UE doit inclure l’autocratie turque qui, par sa Constitution de 2017 et le fonctionnement de ses institutions, s’est positionnée aux antipodes des principes et valeurs européens.
Dans le camp du oui, les arguments sont bien connus : la Turquie appartient à l’OTAN, elle a condamné l’invasion russe sans équivoque, elle a fermé les détroits des Dardanelles et du Bosphore dès le début des hostilités, elle s’efforce de jouer un rôle de facilitatrice entre la Russie et l’Ukraine, et elle déploie à cet effet son efficace réseau diplomatique. Le dirigeant turc serait donc utile à la cause de la paix entre Russie et Ukraine. Mais au-delà ?
Dans le camp du non, les arguments sont clairs : la Turquie n’est plus un Etat de droit, elle tient en permanence un discours anti-occidental et imprévisible, elle remet en cause des frontières internationalement reconnues, et elle a fourni un avantage stratégique considérable au Kremlin en achetant des missiles S-400. Cette décision aboutit en 2019 à éliminer du flanc sud de la Russie des systèmes de l’OTAN équivalents et, par ricochet, conduit en 2020 les Etats-Unis à renoncer à livrer 120 chasseurs furtifs F-35 initialement destinés à l’armée de l’air et à la marine turques. Dès lors, où serait l’intimité stratégique ?
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