De petits avions à hydrogène près de Toulouse
Airbus a déclaré son ambition de faire voler un avion régional à hydrogène d’ici à 2035, entraînant dans son sillage l’émergence d’une multitude de projets d’aéronefs électriques, hybrides ou à hydrogène. La jeune société Blue Spirit Aero développe depuis Toulouse un avion à hydrogène de quatre places équipé de douze piles à combustible. Elle compte installer sa première chaîne de production dans le futur campus hydrogène de Francazal pour atteindre un rythme de fabrication de 150 avions par an à l’horizon 2030. ( dans la Tribune, extrait)
L’avion de Blue Spirit Aero disposera de douze moteurs répartis sur les deux ailes de l’appareil .
« Mes 25 ans d’expérience m’ont permis d’imaginer l’avion idéal. Plutôt que d’avoir un seul moteur électrique alimenté par une grande pile à combustible qui reçoit l’hydrogène, j’ai préféré immédiatement répartir ma propulsion à puissance sous la forme de douze petits moteurs dispatchés sur les deux ailes de l’aéronef. Ce design renforce la robustesse de l’appareil face à la panne. L’avion peut continuer à voler avec jusqu’à huit moteurs sur douze en panne. Ensuite, l’avantage de la pile à combustible est de fournir trois fois plus d’énergie qu’une batterie. Cela permettra à notre appareil de voler 700 kilomètres à 230 km/h avec autrement dit près de trois heures d’autonomie, soit beaucoup plus que de petits avions électriques alimentés par des batteries », détaille Olivier Savin.
Autre avantage de l’hydrogène par rapport à un système électrique, ajoute-t-il, « l’avion n’aura pas à se recharger sur le réseau électrique mais le fera via une station de ravitaillement d’hydrogène, une opération qui prendra seulement 5 à 10 minutes ».
Avant le premier vol du futur avion prévu fin 2024, Blue Spirit Aero va tester les différentes composantes de l’appareil. La société va faire voler sa pile à combustible sur un avion de voltige du Basque Aéro Mécanic’s avec le soutien de la Région Occitanie. « La pile à combustible ne participera pas au fonctionnement de l’avion mais sera embarquée comme un passager pour observer son comportement au gré des manœuvres sévères que subira l’avion », décrit l’entrepreneur.
Des essais sont également menés en soufflerie pour caractériser les performances aérodynamiques de l’aile de l’appareil. Enfin d’ici la fin de l’année, Blue Spirit Aero devrait faire voler une maquette à échelle réduite de trois mètres d’envergure et télé pilotée via un partenariat avec le droniste Delair. La jeune pousse a noué également des liens pour ses essais avec le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et l’Onera. Les logiciels de Dassault Systèmes sont utilisés notamment pour les jumeaux numériques.
C’est près de Toulouse que seront fabriqués les futurs avions de Blue Spirit Aero. La société va intégrer le futur campus hydrogène qui sera construit au coeur de l’aéroport de Francazal.
« Ce lieu accueillera notre première chaîne de production destinée à fabriquer l’avion de démonstration. Ensuite, nous nous agrandirons pour avoir en 2025 une capacité de production d’une dizaine d’avions par an et atteindre jusqu’à 150 à 200 avions par an à l’horizon 2030 », détaille Olivier Savin.
Des chiffres ambitieux mais qui reflètent d’après le fondateur de Blue Spirit Aero la forte demande à venir de petits avions plus économes.
« Notre avion de quatre places est destiné à contribuer au renouvellement de la flotte d’avions qui équipent les aéroclubs. Sur les 250.000 avions existants de cette gamme, nous estimons qu’il y aura besoin de renouvellement sur 1.500 à 2.000 appareils par an. Ce sont des aéronefs qui ont en moyenne 45 ans, ils ont été maintenus opérationnels en les rafistolant au fur et à mesure. Mais aujourd’hui, cela revient plus cher de faire voler un avion que ce que cela rapporte en termes de location.
Il y a aussi besoin d’avions de nouvelle génération, qui ne reposent pas sur le pétrole et qui génèrent moins de nuisances sonores pour les riverains. Et puis, il existe a un déficit gigantesque de pilotes. Sur les 20 prochaines années, on doit former 600.000 nouveaux pilotes, les écoles de pilotage sont en train de s’équiper de dizaine d’avions pour répondre à ce besoin », complète-t-il.
Blue Spirit Aero s’apprête à boucler un premier tour de table auprès de business angels et devrait compléter avec une levée de fonds au premier trimestre 2023.
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