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Décès d’Elizabeth II : Ras-le-bol de l’enflure médiatique

Décès d’Elizabeth II : Ras-le-bol de l’enflure médiatique

 

« Ce n’est plus seulement de l’information qui déferle sur les écrans de télévision et dans la presse. C’est un déluge d’hommages dégoulinant d’amour de la reine [...], à se demander si la Terre entière n’est pas devenue monarchiste, regrette Daniel Leburgue. Je déplore [...] que « Le Monde » se soit laissé emporter par cette « lilibeth mania » anesthésiante. »

 

Bien sûr que la mort d’une reine qui a traversé tant d’années d’histoire est un événement mondial qu’il faut relater, ainsi que la manière dont les populations réagissent à cet événement. Il est aussi important de parler du nouveau roi et de la façon dont la monarchie britannique, la plus en vue de toutes les monarchies constitutionnelles qui existent encore, fonctionne.

Mais ce n’est plus seulement de l’information qui déferle sur les écrans de télévision et dans la presse. C’est un déluge d’hommages dégoulinant d’amour de la reine, parfois sirupeux, à se demander si la Terre entière n’est pas devenue monarchiste, fascinée, tel le papillon attiré par la lumière, par les fastes clinquant dont la défunte semblait incarner à elle seule une image absolue et définitive. Cette image fait rêver les foules crédules par la beauté, le protocole fastueux, les supposées merveilleuses actions durant son règne et le supposé rôle important et fantastique joué dans le monde par la défunte.

Le Monde se devait bien sûr de rapporter les événements, mais… De là à proposer de suivre en direct l’allocution du nouveau roi, de là à envoyer trois mails par jour pour suivre plus ou moins en direct ce qui se passe à la cour royale, de là à en rajouter en relatant en détail, avec un déluge de photos toujours souriantes de « sa Gracieuse Majesté » à tous les âges de la vie, toutes sortes d’épisodes qui ont émaillé les soixante-dix ans de règne d’Elizabeth II, n’est-ce pas aller au-delà de l’information et de l’oraison funèbre ? Peut-on comparer le rôle mondial d’Elizabeth II à celui de Mikhaïl Gorbatchev, qui vient lui aussi de mourir ? L’un est anecdotique alors que l’autre a une autre dimension historique.

Fallait-il toutefois aller à la rescousse pour tenter d’expliquer, via des spécialistes de la monarchie britannique, la « lourde charge » d’un monarque alors qu’il est dénué de tout pouvoir politique. Forcément, il y aura toujours des « spécialistes » qui, venus de ce fonds de commerce que sont les potins de la cour britannique, vous expliqueront le rôle important du monarque.

Or aujourd’hui, dans un monde où le monarque constitutionnel n’a pas de pouvoir politique et où le soi-disant pouvoir politique est lui-même devenu trop souvent un vassal du pouvoir économique détenu par les grandes entreprises mondialisées et le monde de la finance, la monarchie n’est qu’une belle potiche clinquante n’ayant qu’un rôle de communication, fait d’apparats, de réceptions luxueuses et de paillettes qui entretiennent des nostalgies et des rêves désuets, comme s’il s’agissait d’une série encore plus réussie que Downtown Abbey, avec l’avantage qu’elle est sans fin et réelle, et non une fiction…

Je regrette que Le Monde, et il n’est hélas pas le seul organe de presse que je critique, se soit transformé en une sorte d’annexe de GalaParis-MatchPoint de Vue, etc., qui font rêver d’habitude les midinettes en mal de Cendrillon ou de châteaux en Espagne, pour participer à la résurgence de la nostalgie des fastes monarchiques.

Nous vivons depuis plusieurs décennies une période de régression de la démocratie et des valeurs républicaines. Elle s’accompagne en même temps de la montée de l’obscurantisme, qui se manifeste par un regain religieux fondamentaliste et/ou par le rejet de la science et du rationalisme. La montée de populismes mensongers et de dictatures est désormais basée sur la manipulation de l’esprit des populations via les moyens de communication principalement numériques qui renvoient les bonnes vieilles dictatures à l’ancienne par coup d’État militaire au rang de moyens de conquête révolus et dépassés.

Ces fossoyeurs des démocraties républicaines s’accommoderaient volontiers du retour du désir monarchique (comme on le voit au Brésil, par exemple) agissant comme une drogue anesthésiante de populations réduites au rang d’objets manipulés, et non plus de sujets de « Majestés » pas aussi gracieuses que l’image qu’on veut leur donner. Je déplore donc profondément que Le Monde se soit laissé emporter par cette « lilibeth mania » anesthésiante à laquelle nous assistons et participe ainsi à encore moins de défense et promotion de la République, déjà fissurée de toutes parts. Trop, c’est trop.

Daniel Leburgue.

Un article du présent site précédent tentait d’expliquer cette sorte de mélancolie monarchique.

D’une certaine manière, les reines et rois d’Angleterre illustrent   la tentation monarchique qui apparaît de temps en temps dans le monde et en particulier en France.

La France qui après avoir initié la révolution a réussi à concilier la démocratie avec les principes monarchiques.

Dans le monde moderne ( à l’exception donc des pays à régime autocratique), la France fait un peu exception avec un système politique très centralisé et très monarchique. En fait, un seul homme oriente et dirige : le président. Autour de lui, une vaste cour constituée essentiellement d’un clergé spécialisé et formé dans les instituts de formation politique ( Sciences-po, ENA etc.).

En France une fois pénétrée la cour monarchique, on sort difficilement de cet environnement politique qui par ailleurs entretient des liens ambigus avec les puissances économiques et financières.

En comparant la France et l’Angleterre, on peut se légitimement se demander quel est le régime le plus monarchique.

La tentation monarchique est largement entretenue en France par le relatif échec du système démocratique dont se détournent désormais une grosse majorité des citoyen. En cause, la lourdeur des institutions et le fait que la démocratie est largement appropriée par des professionnels et-ou  anciens fonctionnaires. Dans la plupart des autres pays, les responsables battus aux élections disparaissent du paysage politique ; pas en France, où les résurrections et reclassements  sont toujours possibles.

Consciemment ou inconsciemment, les Français rêvent d’un retour d’un roi ou d’une reine, pour le faste sans doute, le retour à l’histoire et l’illusion de la grandeur que cela confèrerait  au pays.

Macron encore plus que d’autres a bien compris les ambiguïtés démocratiques françaises. Il a bien essayé de restaurer la grandeur monarchique passée mais sans grand succès. Si la reine d’Angleterre a pu apparaître un peu comme aussi la reine de France, Macron, lui, n’a jamais pu être considéré comme la reine d’Angleterre. Une sorte d’injustice car cette posture lui conviendrait mieux que celle d’un président de la république française.

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