Royaume-Uni: vers le déclin ?

 Royaume-Uni:  vers le déclin ? 

 

Plus important mouvement de grèves depuis trente ans, économie en récession, nombre record de patients en attente de traitement… certes le pays reste la cinquième puissance économique mondiale, mais les problèmes, et le malaise, sont réels. D’après Éric Albert correspondant du Monde.

 

Les Britanniques n’en finissent pas de payer la facture du Brexit et les fausses illusions de Johnson et des autres. Irréversiblement le Royaume-Uni passe du statut de chef de file d’un empire colonial à celui d’une nation de seconde zone moins puissant notamment que l’Allemagne et la France. NDLR

 

Début août, une journaliste britannique a posé une question simple à Jacob Rees-Mogg, à l’époque ministre des opportunités du Brexit et, aujourd’hui, ministre des affaires économiques et de l’énergie : « Qu’est-ce qui marche bien actuellement au Royaume-Uni ? Pouvez-vous citer un service public qui marche bien ? » Dans une étrange pirouette, celui-ci a répondu du tac au tac : « Nos cricketeurs ont plutôt bien réussi, récemment », l’équipe d’Angleterre de cricket venant effectivement de remporter un match important.

Il s’agissait d’une tentative d’humour, mais l’affaire en dit long. Même un homme qui est ministre depuis trois ans peine à citer quelque chose qui fonctionne bien au Royaume-Uni. Depuis des mois, le pays semble s’enfoncer dans le marasme, les problèmes se succédant à un rythme impressionnant.

Cet été a vu le plus important mouvement de grèves depuis trente ans, avec des débrayages des trains, des postiers, des éboueurs, des avocats ou encore des dockers… Le NHS, le service de santé, compte 6,5 millions de patients en attente de traitement, trois fois plus qu’en 2008. Les compagnies d’eau ont déversé des millions de litres d’eaux usées non traitées directement dans la mer pendant l’été. Le 20 juillet, Londres a frôlé la coupure de courant, devant importer en urgence de l’électricité de Belgique, à cinquante fois le prix normal. L’inflation atteint 10 %. Face au dollar, la livre sterling est tombée lundi 26 septembre au plus bas niveau de son histoire. Le pays est en récession depuis avril, certes de justesse (recul du PIB de 0,1 % à chacun des deuxième et troisième trimestres).

La petite musique de fond monte, toujours plus forte : « Rien ne marche vraiment au Royaume-Uni. » C’est une phrase qu’on se dit entre amis ou entre collègues. Le 11 juin, The Times titrait : « Pourquoi est-ce que rien ne marche dans ce Royaume-Uni cassé ? » Le 5 septembre, Keir Starmer, le leader de l’opposition travailliste, l’a reprise à son compte : « A travers le pays, les gens n’arrivent pas à payer leurs factures, ils s’inquiètent de ne pas pouvoir payer leurs courses de la semaine ou faire le plein de leur voiture. Il y a une impression générale que plus rien ne marche vraiment. »

L’accusation est partiellement injuste, bien sûr. Le Royaume-Uni reste la cinquième puissance économique mondiale. Dans une large partie de Londres ou du sud-est de l’Angleterre, la crise paraît lointaine. Mais le malaise est réel. Il s’explique par la conjonction de deux phénomènes. Le premier est ancien et remonte à la période thatchérienne : le Royaume-Uni est depuis quarante ans le pays le plus inégalitaire d’Europe occidentale. Le second est plus récent : depuis 2008, il connaît une croissance très faible, autour de 1,2 % en moyenne par an. « Mis ensemble, ces deux défis représentent une combinaison toxique », analyse la Resolution Foundation, un groupe de réflexion. Dans un rapport publié en juillet, celui-ci souligne que le Royaume-Uni est progressivement en train de chuter dans les classements : en 2018, le revenu moyen d’un ménage britannique était 16 % en dessous de celui des Allemands et 9 % en dessous de celui des Français, alors qu’il leur était supérieur en 2007.

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