Santé : le grand âge oublié
Saluant l’annonce du ministre de la santé de mettre en place des consultations médicales gratuites aux trois âges de la vie (25, 45 et 65 ans), un collectif de gériatres demande également la mise en place d’une consultation de prévention à 85 ans. Selon eux, la prévention doit être poursuivie à tout âge.
Comment ne pas réagir face à une mesure qui oublie les plus âgés ?
Annoncées dimanche 18 septembre par le ministre de la santé, François Braun, les consultations médicales gratuites tous les vingt ans, aux trois âges de la vie, 25 ans, 45 ans et 65 ans, seraient mises en place dans le but de « renforcer le volet prévention du système de santé français ».
Pour les adultes âgés de 25 ans, il s’agira de faire le point sur les vaccins, leur activité physique et leur risque cardiovasculaire ; pour les 45 ans, le dépistage du cancer du sein, du côlon et de la prostate en plus de l’activité physique et de la santé mentale ; à 65 ans, la prévention d’autonomie, le dépistage des cancers et autres maladies.
Cette mesure qui met en avant une médecine de prévention trop souvent délaissée est une bonne mesure et nous la saluons. Mais qu’en est-il des plus âgés ? On ne vieillit plus en France après 65 ans ? Si nous suivons la logique de vingt ans entre chaque consultation ne devrait-il pas y avoir une consultation gratuite à 85 ans ?
En tant que gériatres, nous savons qu’il est possible de faire de la prévention passé 65 ans et qu’elle est utile (notamment pour les risques de chute, les troubles de la mémoire, la malnutrition, la dépression ou encore pour la vaccination contre la grippe, le pneumocoque, le zona, dont la prévention évite des complications parfois mortelles).
Et que dire de l’activité physique, qui, selon le ministre, disparaîtrait à la consultation des 65 ans alors que l’on sait très bien que, comme le lien social, elle est une composante essentielle du vieillissement en santé ! Soulignons enfin que la perte d’autonomie qui serait un « axe fort » lors de la consultation des 65 ans est loin d’être une priorité pour un senior actif qui, aujourd’hui, jongle entre la garde de ses petits-enfants, les loisirs, ses activités sociales et le soutien de ses parents qui, eux, ont atteint le vrai âge de la perte d’autonomie…
Alors devons-nous une nouvelle fois constater qu’il ne fait pas toujours bon vieillir en France ? Ne pas proposer une consultation après 65 ans est au mieux une méconnaissance des solutions aux problématiques liées au vieillissement de la population, au pire l’aveu que rien n’est prioritaire ou efficace dans le grand âge…
Démarrer un mandat avec un projet de loi aussi « âgiste » est un très mauvais signal envoyé à la population (c’est-à-dire aux 13,4 millions de personnes âgées de plus de 65 ans) et aux professionnels de santé qui œuvrent chaque jour dans le champ du vieillissement (qui ont encore du mal à digérer la promesse non tenue de la loi « grand âge »).
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