L’écologie partout, EELV nulle part
Par Julie Carriat du »Monde » qui constate que les écologistes d’Europe écologie les Verts parlent de tout mais peu d’écologie
Si les discours autour de la nécessité de mettre en place des politiques écologiques se sont normalisés au-delà des clivages partisans, la victoire culturelle de leurs idées laisse les écologistes, défaits au premier tour de la présidentielle, désorientés.
Sur le dérèglement climatique, les écologistes, depuis au moins René Dumont et son « verre d’eau précieuse », ont eu raison avant tout le monde. Mais « il ne suffit pas d’avoir raison ». Cette citation de militants tirée du bilan de la campagne présidentielle du pôle écologiste résume un état d’esprit général. Après le mauvais score de Yannick Jadot (4,6 %) et un été qui a rendu sensible à tous la réalité du réchauffement climatique, les écologistes voient leurs messages relayés partout. Le parti de l’écologie politique se cherche pourtant toujours une place qui ne soit plus celle de l’éternel aiguillon minoritaire.
Après avoir moqué les délires d’une poignée d’« amish » en 2020, Emmanuel Macron parle de sobriété et de « fin de l’abondance », Elisabeth Borne de « radicalité ». Même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a reconnu dans son discours sur l’état de l’Union européenne, mercredi 14 septembre : « Seuls quelques visionnaires ont compris que le vrai problème était les combustibles fossiles en eux-mêmes, et pas seulement leur prix. » Une phrase lue comme une reconnaissance, enfin, par les Verts européens. En France, tous les cadres d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) assurent que l’heure est venue de rendre majoritaire leur parti, mais personne n’a la solution. A l’origine, les Verts français, sont « avant tout un contre-pouvoir plutôt qu’un outil permettant d’accéder au pouvoir », rappelle le député européen David Cormand, ancien numéro un du parti, dans son livre, Ce que nous sommes (Les Petits matins, 240 pages, 18 euros).»
Pour se transformer après les scores encourageants des élections européennes de 2019 et municipales de 2020, EELV a tenté la normalisation, incarnée notamment par Yannick Jadot, sa stature de « présidentiable » plutôt classique, son discours à base d’« écologie de solutions ». Mais cette tentative de crédibilisation a débouché sur une déception. Certains à EELV changent donc aujourd’hui de cap, sans avoir peur du grand écart, et troquent le vocabulaire du modéré pour la « radicalité », la décroissance et la sobriété défendues autrefois par la seule aile gauche, récemment incarnée par les candidatures à la primaire écologiste de Sandrine Rousseau et Delphine Batho.
A l’approche de leur congrès, prévu en décembre, les écologistes renouent avec les débats internes pour lesquels ils aimeraient pourtant éviter d’être caricaturés. Tous promettent la refondation, chacun à leur manière. « Donnons-nous les moyens d’orienter nos énergies militantes vers l’externe plutôt que de passer de longs mois à nous regarder le nombril », écrivent les signataires d’un des deux projets de référendum militant soumis aux adhérents. L’objectif avoué de ce texte – porté notamment par Marine Tondelier, conseillère municipale à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) – est de réviser « le fonctionnement autobloquant d’EELV ».
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