Le temps de la guerre des ressources

Le temps de  la guerre des ressources 

 

 

Marie Charrel, du Monde, estime  que chaque génération thématise, selon les peurs qui la traversent, sa fin de l’insouciance. Celle des années 2020 prend désormais conscience de la limitation des ressources naturelles.

 

« Nous vivons la fin, pour ceux qui en avaient, d’une forme d’insouciance. » Alors que les risques de pénurie énergétique se profilent avec l’automne, les mots prononcés par le président Emmanuel Macron, le 24 août, ont un écho chaque jour un peu plus douloureux. Outre leurs implications économiques, leur sens littéral même interpelle. Car qui, jusqu’ici, vivait vraiment dans l’insouciance ? Interrogé sur le sujet dans l’émission « Sans oser le demander », diffusée le 30 août sur France Culture, le philosophe Guillaume Le Blanc apporte une réponse assez tranchante : personne. Ni les moins aisés, bien sûr, angoissés par les fins de mois difficiles. Ni les plus riches, inquiets quant à eux de la protection de leur patrimoine. L’anxiété change de nature selon la classe sociale, mais elle n’est jamais absente.

Les baby-boomers, qui ont connu l’euphorie des « trente glorieuses » (1945-1975), ont-ils eu la chance, eux, d’échapper au poids des soucis pendant leur adolescence ? Même pas, assure le philosophe, qui appelle à se méfier de l’illusion du paradis perdu : « Chaque époque est traversée par des formes différentes de peur et thématise ce qu’elle appelle la fin de l’insouciance. » Dans les années 1980, ce fut l’irruption du sida. Dans les années 1990, celle du chômage de masse. Dans les années 2000 et 2010, celle des attentats…

La décennie 2020, elle, sera marquée par la prise de conscience de la limitation des ressources. Nous nous heurtons au « nœud de contradictions du développement de nos sociétés », explique Guillaume Le Blanc. Nous ouvrons les yeux sur « l’obsolescence programmée de la planète du fait de la prédation systémique du capitalisme des ressources ».

Se tirer de ce nœud exige de rompre avec l’obsession de la croissance et de placer la vulnérabilité de nos écosystèmes au centre des préoccupations. Mais, à court terme, cette remise à plat sera contrariée par la récession en Europe, en raison du choc énergétique engendré par la guerre en Ukraine. Les gouvernements vont devoir parer à l’urgence – protéger ménages et entreprises mis à genoux par la flambée des prix de l’électricité. A moyen terme, cette remise à plat sera contrariée, aussi, par les difficultés d’accès aux matières premières indispensables à la transition énergétique et à notre survie même – à l’exemple de l’eau. La fin de l’insouciance marque l’entrée dans la guerre des ressources. Elle a déjà commencé.

Une récente étude du Peterson Institute for International Economics tente d’évaluer qui, par le jeu des actionnaires, contrôle les parties-clés des chaînes d’approvisionnement mondiales de minerais et de terres rares. « Cette analyse n’est pas simple, car les entreprises ne sont pas nécessairement constituées en société dans les pays où se déroulent les activités d’extraction et de production, et les actionnaires peuvent exercer une influence par le biais de multiples filiales », expliquent les auteurs, les économistes Luc Leruth, Adnan Mazarei, Pierre Régibeau et Luc Renneboog. Mais leur constat est sans appel : la Chine domine ces chaînes de valeur, et ce bien plus que ce qui est communément admis.

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