Culture et cinéma : une crise de création

Culture  et cinéma : une crise de création 

 

Prisonnier du non-risque imposé par l’industrie du divertissement, ravagé par la standardisation, le formatage, le goût moyen, le cinéma est devenu étranger à lui-même et à la vraie vie, accuse, dans une tribune au « Monde », le journaliste et écrivain Jean-Michel Djian.

 

Pas de firmes légendaires ni de films à jeter en pâture, encore moins de méchants patrons à vilipender. Mais juste un malaise à exprimer : le charme des salles obscures, travesties en complexes cinématographiques ou relookées pour attirer le chaland, n’opère plus. Il a fallu deux années de diète pour s’en apercevoir, des masques obligatoires, un peu de bon sens et une certaine dose de lucidité pour comprendre que le cinéma n’y respire plus.

Trop de pub, de technologies, de bornes interactives, de pop-corn, de halls glaçants, de contraintes sécuritaires pour qu’un bon film se sente chez lui au cinéma. Car dans un multiplexe, la fête est à peine commencée qu’elle s’achève : le spectateur sait déjà qu’il paiera deux fois. La première pour regarder de la publicité – jusqu’à vingt minutes –, la seconde pour y voir un film.

Dans les deux cas, il acquittera la bagatelle de 15 euros pour être l’otage d’une poignée de loups-garous du divertissement lui faisant croire qu’il va à la rencontre d’une œuvre. Le pire, c’est que la chose est possible. Mais à la condition que le client s’abonne, donne de sa personne et accepte de subir une triple peine : en sus de la pub, la fureur des rongeurs de confiseries et le diktat des bornes de délivrance de billets, évidemment muettes comme des carpes.

Pas de sourire, encore moins de conversation. La victime est même conviée à choisir le numéro du siège sur lequel elle passera ses nerfs si « l’œuvre » ne la convainc pas. Parlons plutôt de « productions », terme plus adéquat pour désigner ces drames ou comédies qui le plus souvent laissent le « client » sceptique. Il ne le criera pas sur les toits mais c’est un fait, le spectateur sort de la salle avec le sentiment de ne plus en avoir pour son argent.

Certes, les quelque 600 films en provenance du monde entier qui, chaque année, sont à l’affiche ne sont pas tous mauvais, non, loin de là, ils manquent simplement de piquant, de génie, d’une folie créatrice laissant penser que l’extase a sa place sur un grand écran. Normal, tout le monde et à tous les étages veut mettre son grain de sel dans le processus de création.

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