Polluer ou dépolluer
Le retard pris par la France dans la transformation écologique n’est pas dû à un manque de volonté ou de solutions technologiques, mais à l’absence d’un cadre réglementaire incitatif, juge, dans une tribune au « Monde », Estelle Brachlianoff, directrice générale du groupe Veolia.
Une tribune au contenu évident mais qui n’est pas évidemment sans arrière-pensée commerciale NDLR
Al’issue d’un nouvel été de tous les extrêmes pour la planète – canicules à répétition, feux de forêts par dizaines, rivières à sec et pénuries d’eau historiques, violentes tempêtes et crues soudaines –, la nécessité d’agir sans plus attendre contre le dérèglement climatique est désormais partagée par tous les Français, dépassant largement les clivages politiques.
Nous sommes prêts, chez Veolia, à soutenir le gouvernement et tous les acteurs de la société pour aller plus vite et plus loin dans la transformation écologique. Mais pour que la mise en œuvre opérationnelle de cette transformation soit à la hauteur, aussi bien des périls du dérèglement climatique que des engagements pris par les acteurs privés et publics, un cadre légal et réglementaire qui permette la rencontre de la volonté politique et de la solution technologique est nécessaire.
Une grande partie de ces solutions existent déjà. Des solutions pour optimiser la gestion des ressources en eau, pour réduire les prélèvements en ressources naturelles grâce à des matières recyclées issues des déchets, pour économiser l’énergie et basculer vers les énergies renouvelables, pour résorber les pollutions et les émissions de gaz à effet de serre. Quant aux solutions qui restent à inventer, elles le seront d’autant plus facilement que les précédentes auront été déployées de façon optimale, créant un effet domino encouragé par un effort constant d’innovation.
Ce n’est donc pas la volonté des territoires et des acteurs économiques de mettre en œuvre leur transformation écologique qui fait défaut. Ce ne sont pas non plus des solutions abordables et faciles à mettre en œuvre. Mais bien, trop souvent, l’existence d’un cadre incitatif qui favorise les solutions vertueuses pour l’environnement.
Il est, aujourd’hui encore, plus simple de polluer que de dépolluer. Moins coûteux de dépenser l’énergie que de l’économiser. Plus aisé de gaspiller l’eau que de la protéger. Plus pratique de prélever des matières premières que d’utiliser des matériaux recyclés. Bref, plus facile de faire sale et mal que bien et propre. C’est à cette incohérence qu’il faut mettre fin. Cela implique d’accompagner et d’aider les citoyens, les villes, les industries et le monde agricole à changer de modèle pour adopter les solutions qui existent. Cela suppose également d’accélérer le déploiement des règles qui facilitent la transformation écologique, en les simplifiant, et en les rendant plus incitatives.
Pour répondre aux besoins énergétiques des territoires, nous pouvons aisément mettre en valeur le potentiel de la biomasse, des déchets solides et des biodéchets. Dans ce domaine, nous pouvons faire de la sobriété qui s’impose désormais à nous une occasion de nous transformer en profondeur. C’est la raison pour laquelle j’ai lancé chez Veolia, dès ce printemps, un plan pour produire plus d’énergie durable à partir de nos ressources locales, mais aussi pour en économiser davantage, sur nos sites et ceux de nos clients.
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