Les sociétés complexes sont encore plus fragiles
L’impact des évolutions climatiques sur plusieurs sociétés du XIIIᵉ et XIVᵉ siècle montre que si certaines parvinrent à s’adapter, ce ne fut jamais sans dégâts, explique l’économiste Pierre-Cyrille Hautcœur dans une chronique au Monde.
Un article intéressant de l’économiste qui aurait pu parler aussi de la fragilité de sociétés complexes plus anciennes en Égypte ou des sociétés précolombiennes NDLR
La sécheresse et les chaleurs extrêmes observées en Europe cet été ont fait prendre conscience de la gravité des transformations climatiques en cours à nombre d’observateurs et de politiques. Les possibilités d’adaptation des sociétés sont en revanche toujours aussi mal comprises et souvent résumées à une alternative simpliste entre technologies miracles et décroissance brutale. L’expérience historique montre pourtant un certain nombre de cas de transformations radicales – et souvent catastrophiques – des relations entre les sociétés et leur environnement qui permettent de mieux y réfléchir.
Ces sujets étaient au cœur du congrès mondial d’histoire économique organisé par l’EHESS et l’Ecole d’économie de Paris du 25 au 29 juillet, sur le campus Condorcet, à Aubervilliers. La conférence inaugurale donnée par Bruce Campbell (Queen’s University de Belfast) a présenté une impressionnante synthèse sur le sujet, à travers la comparaison de quatre réactions aux transformations climatiques globales des années 1250-1350, en Egypte, en Chine, au Cambodge et en Europe.
Les changements climatiques majeurs qui ont alors lieu sont progressifs et difficiles à observer par les contemporains comme par les historiens, d’autant qu’ils se caractérisent autant par l’accroissement de la variabilité du climat (températures, humidité, multiplication des phénomènes extrêmes) que par un changement univoque. Ils sont aujourd’hui clairement identifiés par l’utilisation de sources multiples, tant écrites qu’archéologiques, physiques ou biologiques. La période qui débute vers 1250 connaît ainsi des transformations climatiques qui rompent avec les six à dix siècles antérieurs.
Face à cette rupture, l’historiographie montre que les sociétés riches et complexes sont peut-être les plus fragiles, car elles dépendent d’infrastructures (systèmes d’irrigation notamment) pour leurs hauts rendements agricoles et donc pour le développement des sociétés urbaines qui en dépendent.
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